From L.B. (unpublished)
Developpement de deux idées capitales communiquées au
venerable docteur franklin par son serviteur et ami L. B.
1º La république suisse est fondée sur les mêmes baze que la
vôtre. Cest une grande puissance en europe. Elle n’a rien a
craindre de vos ennemis, et tout a esperer de la maison de bourbon
qui vous protège.
Etant icy sans emploi, je m’offre pour secrétaire de cette
ambassade, je me donnerai aux braves americains et ferai tout ce
qui sera necessaire pour devenir leur concitoyen. Mais je demande
qu’on m’en garde le secret.
Cest surement un point capital d’avoir en europe un centre de
négociations a decouvert et en sureté.
2º Jai expliqué mon idée au docteur dubourg, sur une campagne
en regle a faire dans la mediterranée, en voici le détail. Un
premier masque, un second masque, le vrai visage.
Premier masque. Une compagnie de négocians veut se servir du
port de monaco, en qualité de port franc, a elle seule
appartenant, pour, de la trafiquer par mer avec tous les pays du
monde.
Cette compagnie paye tant par an au prince pour son port et son
pavillon. Elle achette en divers ports des vaisseaux sous voile,
et les envoye bien equipés a monaco.
Elle prend la précaution d’assurer son port et ses navires
contre les corsaires, elle loüe a cet effet quelques-unes des
galeres du Roi de france et arme deux ou 3 frégates un peu fortes.
Cette compagnie, de marchands de monaco, a combiné que la petite
isle déserte de Lampidouse lui conviendroit bien pour entrepôt, a
cause quelle a un bon port et de leau douce; elle y envoye
secrètement faire un camp retranché avec des magazins, sauf a
sarranger avec le Roi des deux siciles qui sen dit souverain, et
avec un prince italien qui s’en dit propriétaire.
Second masque. Quand le nombre des vaisseaux de la compagnie de
monaco est complet, quand les retranchemens de Lampidouse sont en
etat de deffense, les navires partent de cette isle avec pavillon
anglois et se repandent dans la mediterranée sans donner l’alarme,
jusqu’au jour indiqué dans des ordres cachètes. Ce jour la tous
commencent a prendre, en déployant leur pavillon.
Après avoir vendu leurs prises ils reviennent sil en est besoin
au port de Lampidouse. Une forte et bonne troupe dinfanterie y est
retranchée jusquaux dents, avec du canon a terre et des batteries
flottantes pour disputer l’accès du port.
Ce n’est peut etre pas tout, mais le reste viendra quand
j’aurrai eu quelque explication ultérieure avec le très vénérable
et très cher docteur.
Notre baron de Rullecourt et sa troupe qui seroit bientot prête
conviendroient a merveille pour garnison dans mon fort de
Lampidouse, nous y porterions de france assez de briques pour y
faire une petite citadelle.