From — de Gailhard (unpublished)

Monsieur,

A Pamiers le 13 avril 1777. Comté de foix

La reforme survenûe dans la maison du roÿ et dans laquelle mon fils se trouve compris en qualité de gendarme surnuméraire de la garde, les dépenses que cet etablissement m’avoit occasioné, ne luÿ laisse plus, vû la mediocrité de ma fortune, d’autre ressource dans le service de france. C’est un jeune homme qui joint à un goût decidé pour les armes, une figure noble et une taille de cinq pieds cinq pouces. Les papiers publics m’ont instruit du succez des armes des americains, des resolutions du congrèz et des encouragements qu’on donne à la belle jeunesse qui se dévoüe de bonne volonté au succez d’une aussi belle cause. Je crois, Monsieur, ne pouvoir mieux m’adresser qu’à vous pour l’etablissement de mon fils, que vous etes le maitre de le favoriser, et même de le former, et je ne douterois point de vos bonnes intentions à cet égard, si vous connoissiez par vous même des qualités qu’il ne convient pas à un père de detailler et qui seroint suspectes dans sa bouche; mais j’ai l’honneur de vous observer, Monsieur, que le deffaut de fortune qui m’interdit aujourd’huÿ le moÿen de placer mon fils au service de france, me met aussi dans le cas de ne pouvoir m’etendre beaucoup a l’egard des depenses necessaires pour son passage en amérique. Je suis persuadé que cette circonstance ne metera point obstacle au bien que j’ose attendre de vous seul. Leurope est instruite de vos vertus et de votre magnanimité, j’ai lieu d’espérer que votre bienfaisance s’etendra sur un père de famille qui l’implore. Il est bien digne et par ses sentiments et par sa situation de toutes vos bontés; j’ose en attendre l’effet avec la plus vive impatience.

Je suis avec respect, Monsieur, vôtre trez humble et trèz obeissant serviteur

de gailhard
conseiller doÿen du présidial
p.s. J’ai l’honneur de vous prevenir, monsieur, que mon fils partira nanti de son certifficat de noblesse.
Endorsed: de Gailhard, Pamiers 13 Avril 1777
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