Il y a quelques années que M. le Chevalier de Grandchain alors Major de l’Escadre commandée par M. Le Chevalier de Ternay envoya à la Société Philosophique de Philadelphie des observations astronomiques qu’il avoit faites pendant son sejour à Rhode Island. J’étois présent à la seance dans laquelle on en fit le rapport et je me rappelle qu’elles furent accueillies avec reconnoissance. Quelque tems aprés M. le Chevalier de Grandchain fut présenté à la Societé comme Candidat, mais son nom fut mal écrit et la societé croyant l’élire, fit choix au lieu de lui, de M. le Comte de Guichen Lieutenant général qui n’avoit jamais songé a être élu et qui ne connoit probablement point la faveur qui lui a été faite.

Permettez que je m’adresse a votre Excellence, comme à un ami des sciences et des françois, pour engager la societé à reparer cette erreur. Je vous en aurai une obligation particuliere, et elle ajoutera à celles que j’ai deja a plusieurs membres de la societé. C’est au reste une justice et je ne demande pour M. de Grandchain que de le faire jouir d’un titre dont la societé philosophique l’a deja jugé digne.

Mon ami, M. hupkinson pourra vous faire connoitre d’une maniere particuliere l’exactitude des details dans lesquels je viens d’entrer. Je crois me rapeller que celui qui avoit bien voulu en mon absence se charger de la présentation de M. le Chevalier de Grandchain.

Il me reste une autre faveur a vous demander, Monsieur, pour un homme de Lettres dont le nom vous est certainement connu. C’est Mr. Moreau de St. Mery auteur de divers ouvrages et en particulier de la collection des loix et constitution de St. Domingue, il vous prie de vouloir bien comme President de la societé lui présenter cet ouvrage. Cette Colonie a tant de relations et de si naturelles avec les Etats Unis que cette collection ne peut qu’être bien accueillie par la societé: elle pourra d’ailleurs comparer la marche que la legislation avoit suivie dans ces colonies avec celles des Colonies ci devant angloises, et il est impossible que quelques bons esprits ne tire pas un parti avantageux de ces raprochemens.

Mr. Moreau de St. Mery, Monsieur, sera très reconnoissant si la societé veut bien l’admettre au nombre de ses membres étrangers et je ne le serai pas moins d’une faveur qui ne peut tomber sur quelqu’un qui la merite mieux.

Je saisis avec beaucoup d’empressement cette occasion de me rapeller au souvenir de votre Excellence, et de lui renouveller l’assurance de l’attachement respectueux avec lequel je suis Monsieur Votre trés humble et trés respectueux serviteur