ô Genereux soutiens des plus beaux droits de l’homme
ô vous nouveaux Brûtus d’une naissante Rôme
il est temps que ma voix célébre vos destins,
Lucrèce viôlée, on chassâ les Tarquins
et tels que les vengeurs de l’illustre Romaine
vous jurés aux tirans une éternelle haine
Rapellant dans vos murs les moeurs et les vertûs
En respectant les Rois, vous ne les servés plus.
La liberté révit, cette vierge sacrée,
des âprets du trépas a peine est entourée,
Quelle se léve, s’arme, affronte les hasards
et se forme aux léçons de Minerve et de Mars,
sur les eaux, sur la terre, on combat pour sa cause,
La mort du citoyen est son âpôthéose.
Le voila ce grand jour, qun sâge avoit prédit,
Boston est libre enfin, l’univers applaudit.
O maux qui maccablés, ennemis de ma gloire
Vous navés pas voulu que j’aille a la victoire
suivre les deffenseurs de treize Etâts unis
par leur maitre aveuglé, follement envahis.
Jeune Achille, pour toy qu’attend Déidamie
Je devenois Pâtrocles, et jeûs donné ma vie,
Ta mort feroit couler les larmes des amours
J’aurois brigué l’honneur de veiller sur tes jours
et sans doutte avec toy Genereux Lafayette
Compagnon d’un guerrier que la france regrette,
J’aurois vaincû, ma muse eût chanté tes Exploits
au Bonheur dans Boston je reprenois mes droits,
aux cultes differens, sans eléves des temples
La raison regne lâ, memorables exemples!
Lâ, des loix que dicta la noble Egalité,
Ne forcent d’obéir qu’a la seule Equité
Le philôsôphe heureux en ce pays fertile
se rend a la Nature, ou cede a l’évangile,
mais ne redoutte point la pieuse fureur
d’un Juge fanatique, ou d’un Inquisiteur.
J’aime mon jeune Roy qui cherit ma patrie
On peut en le loüant hâir la flaterie.
Cest un superbe Lys qui ne ternit jamais
Le vent des passions funestes aux sujets
Sur le Reptile inféct, sur l’insecte nuisible
son parfum fait tomber une mort invisible,
une Rôse nacquit, et combla ses desirs
C’est flôre qui s’unit au plus doux des zephirs.
Nos malheurs vont cesser, et le dieu d’Epidaure
detruira les fléaux qui nous frapent encôre.
Mais hercule en un jour finit il ses travaux?
Pour punir les brigands suffit il d’un héros?
Socrate, Ciceron, Triptoléme, Persée
Trajan, Nûma, Titus, Solon, et vous Thesée,
Repondés a ma voix dans le sejour des morts
Bienfaicteurs des humains, qu’ont produit vos Efforts?
un âpre sanglier a la dent écumante
n’a t il plus ravagé les champs de l’Erimante?
Des monstres nés du sang du farouche Nessûs
Effroy de l’univers, ne le troublent ils plûs?
Et du serpent Pithon pere de l’imposture
N’a t-on plus entendu siffler la râce impure?
Eléves de Prothée, émules de Cacûs
herôs par les forfaits, et singes des vertus;
ces souples courtisans dangereux egôistes
ces traittans sans pudeur afreux Machiâvelistes,
Nôsent ils pas encor depouiller les humains;?
Peut etre au siécle d’or, il fût des assassins.
L’adresse, le sang froid, la force et le courage,
peuvent nous garentir des fureurs d’un sauvage,
Chés les peuples polis des piéges préparés
servent mieux les complots des vices conjurés.
Mon amy me trahit, et ma mere s’oublie |
d’un serment reveré ma femme se délie |
et le fils des héros est au Rang des ingrats |
ou: m’oublie |
La censure a |
demandé une |
vâriente |
L’affreuse trâhison, la noire perfidie
Enchainent l’innocent que l’erreur sâcriffie
Mon coeur s’est indigné d’avoir faît des ingrats
La hâine et le soupcon accompagnent mes pas,
un detracteur m’accuse, un lache me decrie,
C’en est trop, en pleurant je quitte ma patrie,
et j’iray sous un ciel aussy pur que mon coëur
chercher et meritter le prix de la valleur.
Rends moy, disoit Samson, cette force premiere,
fais moy, crioit Ajax, retrouver la lumière.
C’est ainsy qu’agité par des voëux impuissans
Je sens s’apesentir ces deux brâs que jétends
vers ces climats heureux ou la liberté regne,
ou l’ame et la Vertû n’ont rien qui les contraigne.
La Victoire bientost y fixera les arts
Les Mûses, et la paix, plieront les Etendards.
Quand Rôme crut revoir les jours de Paul-Emile
un Mécéne parût, il nacquit un Virgile.
Je verray Vasington plein de gloire et d’honneur,
simple et grand, tel enfin que fût un dictâteur.
L’orsque des ôpresseurs la foule est disparüe,
suivre le soc tranchant de sa lente chârüe.
Le zélé citoyen, l’Etranger vertueux,
de l’aimable amitié réspecteront les noëuds;
et déffrichant ensemble un sôl qu’ils fertilisent
pour de vils interets jamais ne se divisent.
J’entens de tous côtés la lime et les marteaux
et l’aisance, au front gay, féconde les travaux.
La science prâtique ânime l’industrie,
Tout âgit, tout s’echauffe au doux nom de patrie,
L’image de la guêrre ânnoblit tous les jeux
icy le plus adroit, lâ le plus vigoureux
est couronné du prix qui flatte la Jeunesse,
entretient le courâge, et fait fuire la molesse.
Ainsy Lacédemone â formé ses guerriers
térribles dans les rangs, sâges dans leurs foyers.
D’un paÿs affranchi les Esprits tutélaires
ont de l’ambition écarté les chiméres,
Envisageant l’europe et ses grands mouvemens
Desja la politique a devancé les temps,
Et des traittés souscrits par un Roy qu’ils estiment
Empechent que jamais leurs Rivaux les ôpriment.
Burgoine en vain voulut, comme un autre Annibal
chés ces péres conscripts, porter l’effroy fatal
Tels que Fabius, en vain howe et son frere
deployent les vrais secrets du grand art de la guerre,
La concorde s’oppose a leurs vaillans exploits
et les independans triomphent par les loix.
Elles parlent, le fils court servir sous son pere
Armé par sa maitresse, et beni par sa mere
L’enfant nait pour combattre, et pour vaincre ou mourir
Nul ne veut commander, chacun veut obéir.
O Francklin, quels plaisirs pour ton âme agissante
Lorsque tu reverras ta nouvelle Salente!
Elle respecte en toy sous les traits de Nestor
La Déésse qui prit la forme de Mentor.