From ———: “Epitre aux Etats Unis” (unpublished)
Epitre aux Etats unis, et a Monsieur Francklin

ô Genereux soutiens des plus beaux droits de l’homme

ô vous nouveaux Brûtus d’une naissante Rôme

il est temps que ma voix célébre vos destins,

Lucrèce viôlée, on chassâ les Tarquins

et tels que les vengeurs de l’illustre Romaine

vous jurés aux tirans une éternelle haine

Rapellant dans vos murs les moeurs et les vertûs

En respectant les Rois, vous ne les servés plus.

La liberté révit, cette vierge sacrée,

des âprets du trépas a peine est entourée,

Quelle se léve, s’arme, affronte les hasards

et se forme aux léçons de Minerve et de Mars,

sur les eaux, sur la terre, on combat pour sa cause,

La mort du citoyen est son âpôthéose.

Le voila ce grand jour, qun sâge avoit prédit,

Boston est libre enfin, l’univers applaudit.

O maux qui maccablés, ennemis de ma gloire

Vous navés pas voulu que j’aille a la victoire

suivre les deffenseurs de treize Etâts unis

par leur maitre aveuglé, follement envahis.

Jeune Achille, pour toy qu’attend Déidamie

Je devenois Pâtrocles, et jeûs donné ma vie,

Ta mort feroit couler les larmes des amours

J’aurois brigué l’honneur de veiller sur tes jours

et sans doutte avec toy Genereux Lafayette

Compagnon d’un guerrier que la france regrette,

J’aurois vaincû, ma muse eût chanté tes Exploits

au Bonheur dans Boston je reprenois mes droits,

aux cultes differens, sans eléves des temples

La raison regne lâ, memorables exemples!

Lâ, des loix que dicta la noble Egalité,

Ne forcent d’obéir qu’a la seule Equité

Le philôsôphe heureux en ce pays fertile

se rend a la Nature, ou cede a l’évangile,

mais ne redoutte point la pieuse fureur

d’un Juge fanatique, ou d’un Inquisiteur.

J’aime mon jeune Roy qui cherit ma patrie

On peut en le loüant hâir la flaterie.

Cest un superbe Lys qui ne ternit jamais

Le vent des passions funestes aux sujets

Sur le Reptile inféct, sur l’insecte nuisible

son parfum fait tomber une mort invisible,

une Rôse nacquit, et combla ses desirs

C’est flôre qui s’unit au plus doux des zephirs.

Nos malheurs vont cesser, et le dieu d’Epidaure

detruira les fléaux qui nous frapent encôre.

Mais hercule en un jour finit il ses travaux?

Pour punir les brigands suffit il d’un héros?

Socrate, Ciceron, Triptoléme, Persée

Trajan, Nûma, Titus, Solon, et vous Thesée,

Repondés a ma voix dans le sejour des morts

Bienfaicteurs des humains, qu’ont produit vos Efforts?

un âpre sanglier a la dent écumante

n’a t il plus ravagé les champs de l’Erimante?

Des monstres nés du sang du farouche Nessûs

Effroy de l’univers, ne le troublent ils plûs?

Et du serpent Pithon pere de l’imposture

N’a t-on plus entendu siffler la râce impure?

Eléves de Prothée, émules de Cacûs

herôs par les forfaits, et singes des vertus;

ces souples courtisans dangereux egôistes

ces traittans sans pudeur afreux Machiâvelistes,

Nôsent ils pas encor depouiller les humains;?

Peut etre au siécle d’or, il fût des assassins.

L’adresse, le sang froid, la force et le courage,

peuvent nous garentir des fureurs d’un sauvage,

Chés les peuples polis des piéges préparés

servent mieux les complots des vices conjurés.

Mon amy me trahit, et ma mere s’oublie
d’un serment reveré ma femme se délie
et le fils des héros est au Rang des ingrats

ou: m’oublie
La censure a
demandé une
vâriente

L’affreuse trâhison, la noire perfidie

Enchainent l’innocent que l’erreur sâcriffie

Mon coeur s’est indigné d’avoir faît des ingrats

La hâine et le soupcon accompagnent mes pas,

un detracteur m’accuse, un lache me decrie,

C’en est trop, en pleurant je quitte ma patrie,

et j’iray sous un ciel aussy pur que mon coëur

chercher et meritter le prix de la valleur.

Rends moy, disoit Samson, cette force premiere,

fais moy, crioit Ajax, retrouver la lumière.

C’est ainsy qu’agité par des voëux impuissans

Je sens s’apesentir ces deux brâs que jétends

vers ces climats heureux ou la liberté regne,

ou l’ame et la Vertû n’ont rien qui les contraigne.

La Victoire bientost y fixera les arts

Les Mûses, et la paix, plieront les Etendards.

Quand Rôme crut revoir les jours de Paul-Emile

un Mécéne parût, il nacquit un Virgile.

Je verray Vasington plein de gloire et d’honneur,

simple et grand, tel enfin que fût un dictâteur.

L’orsque des ôpresseurs la foule est disparüe,

suivre le soc tranchant de sa lente chârüe.

Le zélé citoyen, l’Etranger vertueux,

de l’aimable amitié réspecteront les noëuds;

et déffrichant ensemble un sôl qu’ils fertilisent

pour de vils interets jamais ne se divisent.

J’entens de tous côtés la lime et les marteaux

et l’aisance, au front gay, féconde les travaux.

La science prâtique ânime l’industrie,

Tout âgit, tout s’echauffe au doux nom de patrie,

L’image de la guêrre ânnoblit tous les jeux

icy le plus adroit, lâ le plus vigoureux

est couronné du prix qui flatte la Jeunesse,

entretient le courâge, et fait fuire la molesse.

Ainsy Lacédemone â formé ses guerriers

térribles dans les rangs, sâges dans leurs foyers.

D’un paÿs affranchi les Esprits tutélaires

ont de l’ambition écarté les chiméres,

Envisageant l’europe et ses grands mouvemens

Desja la politique a devancé les temps,

Et des traittés souscrits par un Roy qu’ils estiment

Empechent que jamais leurs Rivaux les ôpriment.

Burgoine en vain voulut, comme un autre Annibal

chés ces péres conscripts, porter l’effroy fatal

Tels que Fabius, en vain howe et son frere

deployent les vrais secrets du grand art de la guerre,

La concorde s’oppose a leurs vaillans exploits

et les independans triomphent par les loix.

Elles parlent, le fils court servir sous son pere

Armé par sa maitresse, et beni par sa mere

L’enfant nait pour combattre, et pour vaincre ou mourir

Nul ne veut commander, chacun veut obéir.

O Francklin, quels plaisirs pour ton âme agissante

Lorsque tu reverras ta nouvelle Salente!

Elle respecte en toy sous les traits de Nestor

La Déésse qui prit la forme de Mentor.

642757 = 043-u687.html