From Charles Benjamin (unpublished)
A Mezieres Sur Meuze le 12 janvier 1784

A Son Excellence Monseigneur Benjamin Franckelin

Monseigneur,

A L’epoque d’une révolution qui vient d’être couronnée du plus brillant succès, autant par l’Etendue de vos Lumieres et de vos Talens que par la constance et la Gloire des armes de vos compatriotes, il est difficile de resister à la vénération naturelle qu’inspire votre Excellence, surtout à votre Supliant Charles Benjamin natif de Valenciennes en hainaut, artiste peintre en figures demeurant au pont d’Arches près Mezieres Sur Meuse; lequel par la tradition de ses ancêtres est certain de descendre de famille americaine. Oseroit-il par la simillitude du nom se flatter que votre Excellence daignat s’interresser à lui, pour lui faire obtenir quelque place avantageuse dans quelques academies de Dessein du Royaume, au moins une place de dessinateur à l’Ecole Royale du Genie à Mezieres. Le Supliant est d’autant plus en[couragé] dans la démarche qu’il ose faire vis-à-vis de votre [Excellence] qu’il est rassuré d’un côté par votre Bienfaisance naturelle et de l’autre par la conviction qu’il a de ne jamais démeriter vos bontez par ses Moeurs ni par sa conduite qui lui ont toujours capté la Bienveillance des honnêtes gens; il vient d’en acquerir une preuve bien sensible dans cette ville, où l’appas de quelque gain l’avoit attiré; mais à peine arrivé, connu, et employé, qu’une maladie des plus grave (a Lissue des couches de sa femme) l’a portée sur le bord du tombeau, d’où il est en quelque sorte ressucité autant par la force d’une constitution bonne et bien menagée, que par les secours de l’art qui lui ont été prodigués par      et les attentions des gens Distingués des citées de Mézieres et de Charleville, spécialement de la part de M. le Comte de Buffevent commandant de ces deux Villes, dont le médecin concouroit par ses ordres avec les autres pour la Guérison du Supliant, trop heureux si Son Excellence daigne augmenter le nombre de ses Bienfaiteurs et quelle veuille bien lui permettre de mettre sous ses yeux les moyens d’employer utillement pour lui son appui et son credit. Le Supliant moins sensible alors (a son mal-aise qu’aux bienfaits de son illustre protecteur) ne cessera d’adresser des voeux au Ciel pour la prolongation des jours de votre Excellence qui ont toujours été consacrés au bien de votre patrie et de l’humanité en Général.

Il est avec Respect de votre Excellence Monseigneur, Le très humble et très obeissant serviteur

Charles Benjamin

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