Permettéz Monseigneur très gracieusement de présenter à Votre
Excellence le três humble Memoire cy joint, qui regarde des
liaisons entre les Etats Souvrains de l’Amerique Septentrionale et
la principale partie de l’Allemagne, tant pour des affaires
publiques que pour le Commerce. Votre Excellence sera persuadée
des avantages qui peuvent revenir d’une alliance des interets de
l’Amerique Septentrionale avec ceux de l’Allemagne et ne
dedaignera pas à me faire la grace d’employer mon zèle et
application infatigable à ce but, apuïant d’un rapport favorable
et très gracieux ma très humble requette, que je demande la
permission de faire passer par les mains de Vôtre Excellence au
haut Congrès des Etats Souvrains de l’Amerique Septentrionale,
qui, ayant des preuves signalées que Votre Excellence Lui a
données de Sa prudence et de Son habilité dans le maniement des
affaires des plus importans et du grand et louable zele pour le
bien public, est en plein droit de Se reposer entiérement sur Vous
Monseigneur en tout ce qui concerne les affaires en Europe, et
souscrira sans hesiter à la proposition de Votre Excellence dans
cette affaire moins importante, ce qui me fera redevable
uniquement à Votre Excellence de l’honneur et de l’avantage de
servir les Etats Souvrains de l’Amerique Septentrionale et rendra
l’obligation infinie que j’en aurai toute ma vie à Vôtre haute et
très gracieuse Protection.
Etant sur le point de changer ma demeure et de l’etablir à
Hambourg, si Vôtre Excellence m’accorde la grace d’une reponse
favorable je la tiendrai au plus sûr, si elle est addressée à
Monsieur Lagau Vice Consul de la France à Hambourg qui s’est
chargé de ma correspondance en France.
Je me recommende très humblement à la haute protection et
bienveillance de Vôtre Excellence et c’est avec le plus profond
respect, et une veneration au delà de toute expression que j’ai
l’honneur de m’en acquitter Monseigneur De Vôtre Excellence le
très humble et très obeissant serviteur
Il s’en faut guerres, qu’il n’y ait aucun Prince ou Etat de
l’Europe, qui n’eut son Ministre Resident ou Agent accredité au
Cercle de la Basse-Saxe à Hambourg. Aussi ce Cercle n’a pas Ses
assemblées par Intervalles, comme les autres Cercles, qu’au
contraire les differens interêts de l’un et de l’autre Etat
donnent toujours des objéts de quelque negociation, et en cet
égard la dite ville a les avantages de celle de la Haye, comme en
égard du commerce elle peut étre l’Amsterdam du Nord.
Si les Etats Souvrains de l’Amerique Septentrionale trouvent à
propos d’allier leurs interêts avec celles de l’Allemagne, et en
même tems d’y profiter de la présence des Ministres des autres
Etats, il n’y a place pour tous ces effêts, que celle de Hambourg.
Le Soussigné y ayant été cydevant emploïé pour les Affaires du
Duché de Holstein ne manque pas des connoissances et de pratique
de negociations, et étant depuis en correspondance avec des
personnes de plusieurs Cours, il lui sera d’autant plus facile de
rentrer avec succès en cette carriére, s’il plût aux Etats
Souvrains de l’Amerique Septentrionale de l’y établir en Resident.
Comme Sa correspondance s’étend presque sur tous les artisans et
Fabricans en Allemagne, étant redacteur de la correspondance
universelle des Savans et des artisans (?) de l’Allemagne, il
saura en même tems être utile aux Marchands de l’Amerique
Septentrionale, qui voudront l’employer en commissionaire d’achat
et d’entrepôt. Pour mieux suffir à leurs affaires et pour surcroît
de sureté il ira s’associer avec une des meilleures maisons de
Hambourg et il entretiendra par son bureau une correspondance en
tous lieux de l’allemagne, qui peuvent fournir immediatement des
marchandises dont les Negocians Americains puissent se servir à
leurs places afin de les leur faire tenir pour leur Compte de
premiere main se chargeant de l’achat selon les ordres, de les
recevoir et de les envoyer avec les comptes originaux aux ports de
leur destination. Pour leur faciliter les ordres il les fera tenir
de tems en tems les courrans des fabriques, pour les informer des
prix et des provisions des magasins avec toutes les autres
nouvelles qui pourront avoir rapport au commerce, et donner
occasion à des speculations lucratives.
Il aura Soin d’obtenir des Commissions de tous les païs qui
trafiquent par l’Elbe, et des environs, pour toutes sortes de
marchandises de l’Amerique Septentrionale qui pourra addresser à
son bureau ses marchandises qu’il fera retirer des vaisseaux et
enverra aux lieux de leur destination se chargeant outre cela des
assurances, du soin des vaisseaux, de leur armement et cargaison;
Tout cela aboutit au commerce des Etats Souvrains de l’Amerique
Septentrionale sous leur propre baniere, dont l’avantage est si
evident, et on aura garde, que les villes maritimes de la basse
Allemagne ne s’en emparent.
Au reste le Soussigné s’offre à recevoir toutes les lettres qui
seront destinées pour l’Allemagne, et à les faire parvenir à leurs
addresses. Il avertira tous les negocians et fabricans en
Allemagne et du Nord, de lui addresser leur lettres pour les
villes et ports de l’Amerique Septentrionale. A cet effet il
entretiendra une correspondance à tous les ports et avec tous les
autres employés pour le Service des Etats Souvrains de l’Amerique
en Europe, afin de ne manquer jamais de l’occasion du prémier
vaisseau qui y part.
Le tout cy dessus est soummis très humblement au bon plaisir de
Son Excellence Monseigneur Franklin Ministre plenipotentiaire des
Etats Souvrains de L’Amerique Septentrionale, à qui le Soussigné
presente ses très humbles respêts.