From — Duplessis (unpublished)
Paris 1er Aoust 1787
Monsieur,

Quatre mois de maladies aigues, et qui m’ont mises à la mort, m’ont dégouté au point de me faire tout abandonner pour faire mon retour en france et y chercher des remedes à quelques infirmités qui en ont été les suites. J’ai perdu, de la contagion qu’ils ont gagnée avec moi, un Chirurgien qui m’avoit suivi de Paris et un domestique Europeen; j’ai été fort heureux d’en être quitte pour la peur, car j’en ai eu une fort grande, et je n’ai pas encore acquis ce dégré de perfection qui nous donne cet esprit stoique qui apprend à ne s’étonner de rien, à ne rien redouter; et je vous avoüe que cette abnégation de la vie étoit fort au dessus de mes forces. Enfin j’ai tout abandonné, et ce qui est bien plus facheux encore, c’est que j’ai été forcé à la dure extrémité de laisser entre les mains de mon vendeur une créance sur lui de près de quatre vingt mille livres tournois, d’argent que je lui ai payé en argent à Paris et le surplus en effets. Mais je compte sur sa probité et sur les payemens qu’il doit me faire à Paris, en des termes que je lui ai donné.

M. le Comte d’Estaing, qui jouit de la meilleure santé m’a demandé, avec le plus vif intérêt de vos nouvelles, il a reçu et traité de son mieux M Paine que vous lui recommand[ates?].

Toute l’Europe, dans ce moment, a les yeux ouverts sur les événemens les plus facheux qui peuvent naître d’un moment à l’autre, ou se calmer. L’Empereur aura,peut être, la douleur de réduire à mains armées, le Brabant revolté et si, une fois, on tire le premier coup de fusil, il y aura beaucoup de sang de répandu.

Les troubles de la Hollande pourroient, peut être, aussi embraser l’Europe et on attend avec impatience l’issue d’un pareil désordre.

La sagesse de M. Pitt, et des Ministres du Roi d’Angleterre le conseille à merveille, en empêchant que le Roi ne prenne un parti qui pourroit troubler l’harmonie du moment. Le Roi voudroit, peut être, faire un double mariage de ses Enfans avec ceux du Stathouder, mais ce voeu n’est pas celui de la nation angloise; au moins ne voudroit-elle pas l’achetter aux dépens de la paix et je pense qu’elle a fort raison.

Je supplie votre Excellence de recevoir l’hommage de mon plus profond respect

Duplessis
Rüe st. marc
Endorsed: Duplessis Aug 87 Answer’d Dec. 15. Stamped on last page: Monsieur du Plessis, Brigadier des Armées du Roi, ancien Gouverneur de l’isle S, Vincent, en son hôtel, rue S. Marc, no. 11.
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