From Arnaud Matges (unpublished)

Placet A Monsieur; Le trés illustre, & trés charitable, Monsieur; De Franklin; Representant les Etats réunis De Lamerique Septentrionalle Anglo-Américaine; En Cour; Monsieur Supplie trés humblément; & trés réspéctéusément; arnaud matges; natif de la ville D’Agen; parroisse Cathédralle De St Estienne; patrice de Celle de Bord[eau]x; ou il a une fille agée de 33 ans; & une belle Soeur; aussi fille, agée denviron 60; et toutes les deux aussi peauvres que le Suppliant; Chirurgien Dentiste ordinaire de feu; S. A. S; Mgr. Le Comte De Clermont Prince Du Sang; par Brévet en parchemin; Du 1er. 8bre. 1751. aprés trois mois dépreuves publiques; graces a Dieu; avéc Succés, et néamoins sans avoir été appointé; Dentiste Extraordinaire De feu; S. A. S. Mgr. Le Comte de Charolais. Disant que pour obeir a feu Mgr Le Comte de Clermont, il fit le Sacrifice de montrer publiquément la Supperriorité et la simplicité de Sa Méthode; S’il ose le dire sans vanité etsans ce flater, pour la Concervation des dents, et pour l’extraction de celles qu’on ne Scaurait sauver, de meme que les racines ou chicots, les plus ténaces et les plus difficilles, et ce sans intérésser les gencives, ni les alvéolles, et sans jamais occasionner ni hémorrhagie ni fluxion. Et que quoi qu’aussi peauvre d’esprit que des autres biens de ce Monde, il nignorait pas qu’en ce faisant il donnait ainsi son baton pour ce faire battre, & que passatto il miracolo, Gabatto il Sancto. Mais il aima mieux courir tous les risques de laffeuse misere dans laqu’elle il ce voit reduit aujourd’huy que d’exiger par avance une récompence d’un Prince du Sang aussi bienfaisant que l’etait Mgr. Le Comte de Clermont qui trés Certainement aurait eu la bonté & la charité de faire du bien au Supt [suppliant] Si S. A. S. n’en eut été détournée par des personnes plus occupées de leurs intéréts que de ceux du peauvre Supt qui ne laissa pas pour cella de rédoubler de zélle et d’attachement pour son seigneur et trés cher Maitre; et de donner, de bon coeur, les fonctions de son ministére á tout son Monde, tant a la cour qu’a la ville et a la campagne au chateau de Bernis, de puis La Susditte Année 1751, jusqu’au 31 juillet 1765; que les chirurgiens, de concert avec les d’entistés, lui ayant entiérément coupé les vivres, il prit le parti, avec la pérmission De son susdit seigneur et trés chere Maitre, d’aller vaquer a ces affaires a Bord[eau]x, et y rejoindre sa peauvre famille. Mais il y trouva les memes obstacles de la part des chirurgiens De concert avec les Dentistes; sous prétéxte que [ ] rev[] [revenu] dont Mgr. le comte de Clermont l’avait honnoré ne lui donnait par le droit d’Excércer son Etat et qu’il falait qu’il ce fit recevoir a St Cosme, C’estadire qu’il leur apporta une somme conciderable pour en obtenir la permission de travailler, Ce que le Supt. aurait fait avec bien du plaisir s’il en eut Eu le moïen mais n’ayant jamais eu j[] un Denier de fixé de personne, et ni ayant été Employé que pour les oppérations les plus difficilles; que les autres n’avaient osé Entreprendre, ou n’avaient peu faire; et n’ayant été récompencé, qu’a proprortion de ces tristes vétémens, au point que plusieurs personnes connues lui dirent plusieurs fois que télles qui avaient cru le bien payer en lui donnant un Ecu n’auraient ozé lui présénter un Loüis S’il eut été bien mis, ou s’il eut Eu un habit de velours. Mais le Supt. n’ayant jamais [entré]prandre un pareil Entretien ici, non plus qu’a Bord[eau]x, ou on n’a peu donner créance ni confiance a un chirurgien Dentiste ordinaire d’un prince du sang qu’on voyait manquer du plus nécéssaire, De Sorte qu’il est Evident qu’on a peu Concévoir que chès un Prince du Sang il ni eut pas du pain pour son déntiste ordinaire. C’est pourquoi le Supt. a été conseillé de révénir ici, dans lespérance d’y trouver d’anciénes pratiques et d’y en acquérir de nouvélles; il est donc revenu ici a pied er il y est arrivé dépuis le 10 8bre De L’annee derniere, sans que jusqu’a ce jour il ait encore peu avoir le bon Leur de revoir les anciénes justiques que la mont a épargnées. Et cella pour la seule raison qu’il ne peur se mettre conformément à son état et que par concéquent il est imprésentable. Tandis que ne’an moins et graces a Dieu il est aussi en effet de travailler aujourd’hui que par le passé. Mgr. Le comte de clermont; et en outre son affreuse misere est non Seulement cause que l’ouvrage ne lui vient point mais meme qu’il ne peut avoir l’honneur, & Le bonheur de revoir les ancienes pratiques que la mort a Epargnées; et Cella par la Seulle raison qu’il ne peut ce mettre Conformément a son Etat et que par Concéquent; il est impresentable; tandis que néanmoins; et graces a Dieu, il est aussi en Estat de travailler aujourd’hui que par le passé; et plut a sa Divine Majesté; pour le bien du public & pour le sien que personne ne fit toucher a ces dents sans lavoir prealablement consulte; on y gagnerait beaucoup lui aussi pour peu qu’on daignat honnorer sa consultation; Dans les tristes circonstances le Supt. a crue ne pouvoir mieux faire que de recourir avos bontés; charités humanités et bienfaisances journalieres; Monsieur; pour vous supplier; au Nom & pour Lamour De Dieu; De vouloir bien le méttre au nombre de vos peauvres creatures et lui faire la grace de L’honnorer de votre puissante protéction. Suit la copie; mot pour mot; du susdit Brevét Loüis de Bourbon; rince du Sang; Comte de Clermont; sur le compte qui nous a été rendu; de la connaissance parfaite; que le sieur Matges; a des Dents; et de la façon adroite dont il oppére, ainsi que sur les prerogatives; attascheés ala presente Nommination; pourqu’oi lui avons accordé; Notre présent Brévet; que Nous avons Signé; et fait contresigner; par Notre Conseiller; Loriginal; Loüis de Bourbon; et par son Altésse serenissime est Signé D’em[for]./. Monsieur; le Supt. a eu lhonneur de ce rendre ches vous a Passi il y a déja longtems; mais nayant peu avoir le bonheur de vous y rendre ces dévoirs & trés humbles réspécts De vive voix et ayant vainément attendu jusqu’a ce jour Le Domestique oú Soldat des vaisseaux du Roy; auquel il eut celui de parler; et léquel lui avait promis; de le venir voire ci; pour linstruire de l’heureux jour, qu’il pourait avoir lhonneur & le bonheur de vous voir; Monsieur; apres son faible et ennuyeux placet. en vous suppliant. Monsieur; au Nom & pour L’amour de Dieu; De vouloir bien Le pardonner. Matges Suppliant déméurant a lhôtel De la Providence; rue des boucheries St honnoré; près le Palais-Royal; on peut aussi le trouver en cas de besoin, chès le portier de Mr; De Surgis, Sécretaire détat; ancien intendant Rogationem Contribulati ne abjicias, & non avertas faciem tuam ab ageno.

A Paris le 8. 8bre. 1778.
Endorsed: Petition from a poor Dentiste
630758 = 027-527a002.html