Sans avoir l’honneur d’être connu de vous, Monsieur, Je prens la liberté de vous écrire. Il semble que pour solliciter l’appui d’un citoyen philosophe, qui soutient les interêts d’une nation libre, il suffise d’être animé du même esprit, et que le désir de se signaler pour une aussi belle cause soit le meilleur titre pour l’obtenir. J’ose pourtant me flatter, Monsieur, que ce ne sera pas le seul, qui m’en rendra digne et qui vous engagera à me séconder dans le dessein que j’ai d’entrer au service du peuple respectable, dont vous êtes le réprésentant. J’ai commencé la carriere des armes dans les trouppes Impériales, ensuite je suis passé au Service de la République de Pologne où j’occupe actuellement le grade de lieutenant colonel. S’il dépend de vous, Monsieur, de séconder mes vues et que vous m’en jugiez digne, J’aurai l’honneur de vous faire tenir incessamment les pièces justificatives, qui constatent le grade militaire que j’occupe dans la République, aussi bien que les témoignages que mes Superieurs ont rendu à ma conduite dans le Service autrichien. Je me croirai d’autant plus heureux de pouvoir consacrer à la défense de la liberté des colonies le peu d’expérience que je puis avoir acquis au service, que la Connoissance de la langue Angloise, qui est presque ma langue maternelle, me mettra plus à même de réussir à cet egard, comme la vigueur de l’âge me fera supporter aisément toute espèce de fatigue. Si vous avez la bonté d’appuyer ma démande auprès du Congrès général, je vous supplie Monsieur, de vouloir bien me faire savoir les conditions que je puis en attendre, et de me croire avec la plus parfaite considération, Monsieur Votre très humble et très obeissant Serviteur