Une Analyse de la Philosophie du Chanc[elier] Bacon, tome 1, page 380, prétend que, chez les Grecs, sans nulle autre forme de procès, on fit condamner à mort les premiers Physiciens qui se donnèrent les airs d’expliquer, comme ils l’entendoient, les Causes naturelles du Tonnerre.
Je serois bien-aise de vérifier le fait; je ne sai, je me suis flatté qu’il ne seroit pas impossible que vous me fissiez la grace de m’indiquer où, pour cela je dois m’adresser au-plus-juste.
A vous parler franc, Monsieur, je vous avouerai que, jusqu’à nouvel ordre, je n’en crois pas grand’ chose. On sait à merveille que les Grecs n’étoient pas à-cela-près d’une de plus; mais il ne s’agit de cela nullement: ce fait particulier est-il vrai ou ne l’est-il pas? Sûrement c’est une méprise de l’Auteur de l’Analyse ou de Bacon lui-même. Quant à Bacon, je pense avoir assez bien examiné tous les endroits où il auroit eu occasion d’avancer un pareil fait et je n’y ai pas vû le mot de cela.
Vous jugez bien, Monsieur, qu’avant d’avoir pris sur moi de me permettre de vous déranger le moins du-monde, pour une misère de cette espèce, je ne suis pas sans avoir un peu feuilleté et Diogène Laërce et Plutarque et Pline, le Naturaliste, Athénée etc. etc. que sai-je ce que je n’ai pas vû?
Je m’assure que Monsieur Francklin voudra-bien avoir quelqu’égard à la petite prière que j’ai l’honneur de lui faire et, sur toutes choses, me croire, avec le plus profond respect, son très-humble et très-obéissant serviteur