Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
Bé. ce mardi 11 octobre 1785 N 4 ou 5 je ne suis pas sure

Voila le bon papa parti les ministre ne savent plus ce qu’ils font, il s’éléve cent dificultes pour fiare parvenir les lettres, il faut les envoyer en angletre, que de tems avant qu’elles soyent arrivées! C’est insuportable! Ca décourage presque d’écrire. Ah! si l’un de ces grands messieurs pouvoit avoir un tendre attachement en amerique comme tout iroit bien!

Parlons mon bon ami de votre derniere lettre il me semble ne vous en avoir dit qu’un mot la derniere fois que je vous ai écrit. Je suis toujours fâchée quand je songe à ce quelle contenoit, j’espere que ce que la personne vous à demandé ne sera pas toujours si considérable mais vous savez que pendant quelque tems il y a 15 louis de fixe par an. Aussi voila ce que c’est que d’etre mal adroit! Si vous êtiez la vous me dirai, je suis trop heureuse, car par fois vous n’avez pas le sens commun mais votre déraison me fait plaisir elle me prouve que mon cher f a un bon coeur et qu’il sait bien aimer.

Les articles de votre lettre relativement à votre ayeul, et à votre pere m’ont fait le plus plaisir, ce bon papa! Que ne donneroi-je pas pour le savoir arrivé et arrivé en bonne santé si Monsieur son petit fils ne s’est pas donné la peine d’écrire en sortant du vaisseau, il n’a qu’a bien se tenir il sera grondé d’importance, s’il a ecrit et on l’aimera toujours, pour le davantage c’est impossible.

Je ne suis pas tres ravie de votre évêque, on a jamais vu ammener sa fille voir des garçon il faut etre dans l’eglise pour se permettre ces chôses la! Mais parlons de vous à présent vous êtes arivé mon bon et tendre ami, j’aime à penser que tout danger est passé pour vous et pour votre famille, qu’elle doit etre heureuse de revoir ce vénérable papa, qu’elle doit aimer son petit fils, car en verité il est bien aimable vous me conterez tout cela n’est-ce pas mon ami? Vous me direz aussi si vous avez de jolies cousines, vous me direz si…ou plutot que vous pensez souvent à la france, vous y avez de bons amis: (sans parler de la petite blanchette) Mlle Br…surtout, elle me parle de vous dans toutes les lettres qu’elle m’ecrit vous savez comme cette charmante fille est intéréssante, cependant je crois qu’elle n’est pas heureuse, je tremble qu’elle n’aime pas le petit Monsieur, qui sera son maître dans 9 jours d’ici, on dit pourtant qu’il est assez aimable et qu’il sera riche de plus de 50 mille livre de rente. C’est bien peu quand on aime pas! Mais ce dont je suis ravie à cause de Md Br ... et du beau sot, c’est qu’a l’égard des grandeurs il l’emporte sur son beau frere, ses laquais sont au moins de deux pouces plus hauts que ceux de pa…tout est à proportion quand je dis tout, tout ca qui se voit, hors ce qui ce voit, est ce qui touche le plus le monarque, j’avoue que j’ai la malice de trouver du plaisir à le voir tant soit peu humilier, aussi pourquoi est il fat? Je ne les puis souffrir! C;est qu’en général, il est fort rare de trouver des hommes aimables, voila ce qui fait que l’on cherit tant la petite éxélence! Je voudrois bien avoir de vous nouvelles mon bon ami, on dit qu’il seroit possible que je n’en eusse que dans le mois de novembre, c’est pour en mourire! Quand je pense qu’il a été question de vous fixer chez la bonne voisine je ne puis pardonner à votre pere son départ mais c’est que cette éxélente femme étoit faite pour lui comme Blanchette ètoit faîte pour son petit fils à son age quitter un pays où il est tant aimé on a bien raison de dire que l’on fait des folies à tout âge. Cependant tous les sages de la grece n’etoyent pas si sage à eux sept que le papa à lui tout seul, il n’en est pas moins parti ah! mon dieu!

J’ai ici mon bon ami une personne qui vous intéresse, comme je suis fort polie je ne va pas à la ville ce veuvage ci parcequ’il faut faire compagnie à cette personne, plus je la vois et plus je crois qu’on ne peut s’empecher de l’aimer tendrement, elle est en verité fort aimable et je crois que vous en serez fort content à votre retour.…se conduit fort bien quoi que froid, ce qui me fait le plus de peine c’est quand cette froideur paroit devant le monde pour moi je suis toujours traitée avec les plus grands égards, sans que je dise un mot on voit que cette froideur pour la personne m’afflige. On voudroit je suis sure pouvoire la [vaincre] mais c’est la [chôuse] impossible, c’est un grand chagrin pour moi, il faut le suporter, j’en ai eu de plus grand, cette réflection n’est pas gaie mais elle est vraie, et fort utile pour donner de la patience, adieu mon bien bon ami, écrivez moi souvent pour me dédomager d’avoir été si long tems sans recevoir de vos nouvelles. Bon dieu! quel éffêt produira sur moi votre premiere lettre! Comme mon pauvre coeur battera de joie! Veritablement je ne crois pas qu’il soit possible d’aimer plus tendrement que Blanchette ne vous aime. Adieu pensez à elle, que ne donneroit elle pas pour pouvoir vous dire tout cela a vous même mais hélas! … adieu mon ami.

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