Graf von Creutz to Vergennes
A Son Excellence, M. Le Comte De Vergennes Ministre et S. d’E. des Affaires Etrangères Note

Dès le mois de fevrier dernier le soussigné ambassadeur de Sa Majesté Suedoise près Sa Majesté très Chretienne eut l’honneur de s’adresser à son Excellence M. Le Comte de Vergennes pour lui porter des plaintes contre les Injustices, l’inhumanité et le pillage commis par un soi disant Armateur Americain quoiqu’originairement françois, nommé Londy, qui muni de lettres de marque des Etats Unis attaqua et prit deux navires suedois chargés en Angleterre et destinés pour l’Italie dont il maltraita, frappa, et pilla presqu’a nud les Equipages, et transfera la meilleur partie à son bord pour ensuite les conduire a Brest, ou il est arrivé avec un de ses Navires, savoir la Victoire de Stockolm Capitaine Berg, tandis que l’autre, savoir l’Anne Louise de Stockolm capitaine Solitander a été repris par un Corsaire Anglois qui l’a conduit a Falmouth, mais dont le Capitaine avec la Majeure partie de l’Equipage avoit été conduit à Brest. ~y2

Sur les representations faites à Monsieur Franklin par son Excellence Monsieur le Comte de Vergennes, ce Ministre ordonna, à la Verité, la main levée du navire la Victoire de Stockholm et la liberté des Equipages prisonniers de deux navires, mais sans prononcer aucun dommages intérets causés par la prise illegale du Navire l’Anne Louise et sans faire donner aucune Satisfaction pour le traitement barbare que les Equipages avoient reçus du Corsaire soi disant Americain, tandis que par les memoires que le soussigné a reçus des proprietaires, il compte que sans parler de la perte du tems, les Dépenses de ce navire seul montent à 535 L Sterlings.

Le soussigné se voit donc obligé de nouveau de s’adresser avec confiance à son Excellence, Monsieur le Comte de Vergennes pour reclamer ses bons offices et pour le prier de vouloir bien engager Monsieur Franklin soit à faire terminer cette affaire d’une maniere satisfaisante pour les proprietaires, soit a donner un refus formel, et signé de sa main que le soussigné puisse envoyer aux Proprietaires pour les mettre en érat de faire les demarches qu’ils trouveront necessaires pour les obtenir dailleurs leurs dedommagemens. A Paris le 31. Aout 1779.

(signé) Le Comte de Creutz

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