From Marie-Joseph de Galard de Terraube, Bishop of Puy (unpublished)
Au puy le 20 avril 1782

J’ai etabli, Monsieur, dans mon diocese differentes manufactures pour servir d’atteliers de charité, et y soulager les pauvres en les occupant; dans l’une d’elles on fait des couvertures de laines, faites par leur consistance et la qualité des matieres, pour convenir surtout aux pais froids: j’ai oui dire qu’un consul des Etats unis, etoit chargé entre autres emplettes d’en faire de considerables en ce genre; je m’empresse, Monsieur, de vous offrir nos serviçes pour une nation aussi chere aux françois qu’elle est redoutable aux anglois: en cas de concurrence, j’ose vous demander pour mes pauvres une preference que nous tacherons de meriter dailleurs par la qualité et le prix des ouvrages; on les fourniroit exactement dans le temps et la quantité qui seroient indiquees. Si cette demarche de ma part est sans succès, la confiançe qui l’a dictee, Monsieur, sera du moins un hommage que j’aurai eu la satisfaction d’avoir rendu a la sensibilité et a l’humanité de votre ame, que je sçais avoir toujours été à l’Epreuve de tous vos succés dans la politique et dans les sciençes.

La principale industrie du velai en languedoc, qui est mon diocese, est le travail de la blonde en serge et en fil que les anglois achetoint autrefois en très grande quantité pour l’amerique. Je desirerois fort aussi que ce commerçe la seule richesse de ce pais ci, et qui est indispensable pour la subsistance d’une quantité prodigieuse d’ouvriers, pût s’etablir desormais directement avec elle, mais nous ne voudrions ni pour cet objet ni pour l’autre aucun intermediaire.

Je n’ai garde d’oublier, Monsieur, ce dont vous ne devés surement conserver aucun souvenir, que j’eus l’honneur de vous voir en 1778 et de vous entretenir assés longtemps a chatou chés M. Bertin le ministre. Je me rapelle toujours cette rencontre avec le plus grand interët; elle auroit ajouté, sil etoit possible, a l’idée que j’avois conçû dun nom si celebre dans les deux mondes.

Je suis avec respect, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur

† M. j. Evêque du puy

Endorsed: L’Eveque du Puy, 20 apl. 1782.
637821 = 037-179a001.html