Le Porteur de cette Lettre vous remettra La Clef de l’Appartement que j’occupois chez vous. Les Reflexions que vous me fites d’apres la Lettre que j’eus l’honneur de vous ecrire il y a trois mois et L’etat d’Inaction ou je me suis trouvé depuis m’avoient decidé a Regret a quitter un Poste que Les Circonstances ont rendu inutile.

Je ne vous ennuierai pas du Detail des Moyens que plusieurs Personnes ont emploiés pour hater ma Résolution; J’ai méprisé des Propos qui n’avoient pas Le sens commun. Je prendrois La Liberté de vous faire mes excuses du scandale qu’un fripon de tailleur a causé chez vous, si je n’etois pas convaincu qu’en refusant de le paier alors, et en voulant que La Justice decidat Le Different, je ne faisois que profiter de L’appui que Les loix accordent a La Jeunesse contre la friponnerie. M. Adams s’est trouvé dans Le même Cas que moi.

M. Didelot fermier general qui vouloit bien se charger de moi dans l’absence de mon Pere, aura L’honneur de vous remettre, Monsieur, L’argent que vous avez preferé de lui Lacher plutot que de disputer. Comme Les fonctions de ma place etoient devenües presque nulles, je serois humilié d’en toucher Les Appointemens.

M. Didelot paiera quelques Miseres que je dois a Passy et fera retirer de ma chambre une Malle que j’y ai Laissée et qui contient partie de mes effets.

Quoique je parte cette nuit pour Berlin je n’aurois pas manqué d’aller vous remercier de toutes vos Bontés pour moi. Mais j’ai pensé que ma Presence pourroit vous deplaire avant qu’on eût Levé Les Doutes qu’on a voulu vous insinuer sur mon Compte.

J’ai l’honneur d’etre avec Respect, Monsieur Votre tres humble et tres obeïssant serviteur