Copie

Vous venés de donner à l’Univers le spectacle le plus intéressant dont il ait encore été témoin.

La découverte du nouveau monde l’avait assujéti à l’ancien. L’indépendance des Etats-unis de l’Amerique lui rend sa liberté prémiere, presqu’aux mêmes lieux où commença son assujétissement, et au moment où cette République est reconnüe, elle se place déja au rang des plus grandes Puissances.

Cette étonnante révolution, Monsieur, n’est pas produite seulement par le courage d’un peuple que l’enthousiasme de la liberté transporte; par la constance infléxible de son Sénat et par les talens de ses Généraux, elle a été prévüe, conduite, operée par un Philosophe qui, ayant étonné le Monde par les vertus d’un Spartiate, vient d’être connu l’Ambassadeur d’un Peuple libre auprès de la premiere Monarchie de l’Europe.

Cet evénement mémorable va changer tous les systëmes politiques; et comme la France est la premiere Puissance qui ait proclamé la liberté des Etats-unis, elle doit atendre davantage des effets de cette révolution.

Désormais, Monsieur, la France et votre République vont être atachées par les liens d’un commerce réciproque, dont les annales de l’Amérique conserveront l’époque. Puissent ces liaisons n’être jamais troublées et durer autant que les deux Empires!

S’il pouvait être utile, Monsieur, que la Chambre du Commerce d’Aunis vous informât de la naissance, des progrès et des objets de rélation de notre commerce avec les Etats-unis, elle s’offre de vous en instruire dès que vous paraîtrés le désirer.

Nous oublions ici avec vous, Monsieur, l’étiquéte des titres, pour imiter la simplicité de vos vertus. Comme elles sont sans ostentation, nos expressions sont sans faste, et en parlant à un grand-homme, il est bien permis d’oublier son rang, pour ne songer qu’à la vénération qu’il inspire.

Nous sommes avec un profond respect, etc.