Jacques-Donatien Le Ray de Chaumont fils to William Temple Franklin (unpublished)
chaumont 17 Janvier 1781 [1782].

Je suis reellement confus, Mon cher amy, d’avoir été si longtems sans vous repondre a vôtre derniere lettre; comme vous me demandiez le montant de ce que vous me deviez pour les dèpenses que j’ai faittes pour vous dans ce pays cy. J’ai voulu attendre que je pu vous satisfaire et vous ne croiriez pas que je ne suis pas encor parvenu a sçavoir combien vous devez pour le cabriolet. Voici l’histoire: vous avez bien renvoié le cabriolet un peu tard il est vrai, mais n’importe nous sommes de bonnes gens qui passeront par la dessus mais qu’avez vous fait sil vous plait du harnois du cheval de brancar qu’on vous avait pretté en même tems que le cabriolet. Huit jours apres qu’il fut de retour dans ce pays ci, le maitre de porte voulut s’en servir et faute de ce harnois il ne le put. Il ne m’en parla pas et attendit le retour du roulier pour en scavoir des nouvelles, celui cy lui dit qu’il ne l’avait jamais eu, mais qu’il alloit a Paris et qu’il en parleroit a celui qui lui avait delivré le cabriolet. On n’a pas èté plus instruit par ce canal et je presume que le cocher aura oublié de le mener a cette personne la. Informez vous en au plutôt et si vous le trouvez, remettez le a un de nos voituriers qui arriveront Dimanche a Passy. Vous sentez fort bien que c’est fort desagreable pour ce maitre de porte de ne pouvoir pas faire usage de son cabriolet et si nous etions malins dans ce pays cy, il y aurait de quoi vous faire un beau memoire d’Apoticaire, pour le tems que vous avez gardé le cabriolet et le dit harnois, mais nous tacherons d’arranger cela a l’amiable.—Je ne peux encor vous dire mon cher Franklin precisement quand je pourrai avoir le bonheur de vous voir, cela n’est pas cependant je crois bien eloigné mon sejour ici depend de la guerison de nôtre regisseur. My nimph m’aiant ecris il y a un mois que la cour alloit venir a la muette pour les fêtes de Paris et qu’elle y viendroit aussi, j’arrangai mes [fluttes? suittes?] de facon que mon pere m’envoia une lettre de rapelle. J’allais partir lorsque mon pere aiant recu une lettre d’ici qui lui disoit que ma presence étoit encor necessaire dans ces lieux m’envoya contre ordre, et me voila. Le mal n’est pas grand puisque la partie de la muette n’a pas eu lieu et en cas qu’elle reprenne, ou tenez moi pour un grand sot, ou attendez vous a me voir arriver upon the wings of love to gather his myrttes. En attendant je ne m’ennuie nullem[en]t a chaumont, mes occupations, notre petite societé, et la chasse remplissent a merveille mes instants. Je vous envoie cy joint un petit echantillon de fruit de mes loisirs comme c’est vous qui men avez donnez l’idée il est juste que je vous en fasse le premier l’hommagé personne ne les a encor vu et je vous prie de ne les pas montrer jusquace que je l’aie amené au point que je veux que ce soit. Je n’y suis pas encor dabord je suis obligé de mouiller avec de l’eau mon cachet touttes les fois que je veux cachetter, inconvenient que le vôtre n’a pas je crois et puis il n’ont pas ce degré de dureté qu’a le vôtre et ce qui est tres necessaire pour que cela ressemble a une pierre. Je vous prie de m’envoier le vôtre pour que je puisse avoir un modele et un objet de comparaison sous les yeux, en le remettant a nôtre chartier vous pourrez être sur qu’il me sera fidelement remis.—Croiriez vous que je ne recois aucunes nouvelles de Wharton, helas ma pauvre pacotille, qu’est elle devenu puisqu’elle est arrivé comme il l’a ecrit et qu’il doit m’envoier des remises sur Mr. votre pere je ne coure aucuns risques, car je ne m’imagine pas qu’un gros garcon comme cela daigne ouvrir sa bouche pour un petit morceau comme cela, il est vrai que les petits ruisseaux font les grandes rivieres. Voila une vilaine reflexion que je fais la, c’est bien triste pour mon pauvre magot. Adieu je vous embrasse de tout mon coeur, soiez je vous prie l’interprete de touts mes sentiments aupres de Mr. vôtre pere, et de touts nos amis de Passy et surtout Mdes. Grand, Cailleau, le veillard et toutte leur aimables familles, dont je m’epargnerai la peine d’ecrire les noms pour être bref. I am forever my dear friend with the greatest affection Your most humble and affectionate

Le Ray de chaumont f.

Notation: Chaumont à Chaumont, 17 Janvier 178[2].
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