From the Baron de Feriet (unpublished)
Versailles Le 21 janvier 1784

Je crois, Monsieur, avoir trouvé ici Deux maisons entières qui pouraient Vous convenir; elles ont toutes deux des jardins, mais l’une réunit a ce qu’il me semble, tous les avantages et les agrémens qu’il est possible de se procurer a versailles; elle est neuve, et n’a point été occuppée quoiqu’elle soit bâtie depuis quelque tems. Les embellissemens ne sont pas même entierement achevés. Tout est boisé, vernissé, et si bien approprié, qu’il n’y faut point d’autres meubles que des fauteuils et des lits; on m’a assuré qu’on comptait y mettre pour vint mille francs de glaces, ce qui en fera un vrai bijou. Outre cela il y a un logement si énorme, que vous, et tout votre monde parfaitement Logé, vous pourés encore disposer de quelques appartemens dans le cas ou vous auriés quelques amis a Loger. Plusieurs terrasses forment un jardin assès considèrable; il n’est séparé que par un mur d’un terrein très grand couvert d’une plouse très agréable pour se promener; ce terrein étant un des plus élevés de Versailles, on y jouit de la vue la plus agréable qu’on puisse avoir ici; il communique au jardin de cette maison par une porte dont Vous auriés la clef, et ce serait pour Vous une promenade d’autant plus agréable que Vous seriés sur de n’y rencontrer que ceux que Vous voudriés bien y mener avec Vous. La maison a pour vue, Le jardin d’un côté, et l’avenue de st. cloud de L’autre. La distance de là, au château, est un peu forte; voila le seul inconvénient que j’y trouve, mais il me paraît balancé par un trop grand nombre d’avantages, pour qu’il puisse faire quelqu’ impression sur Vous; beaucoup de personnes attachées au chateau ont des Logemens plus éloignés; dans les quartiers plus rapprochés, il serait impossible de trouver de jardins; ayant la facilité de faire de L’exercice et de prendre l’air sans sortir de chéz Vous, vous vous promenerés plus souvent que si vous étiés obligé pour cela de sortir, et de courrir les risques de rencontrer a chaque pas une foule d’importuns dont la bonne ville de Versailles est aussi bien pourvue qu’aucune autre du royaume; vous serés habituellement dans un meilleur air, et en supposant que Vos porteurs ne puissent pas vous porter tout d’une traite dans les endroits ou vous voudrés aller, il ne sera pas bien malheureux que dans le milieu de vos courses les plus éloignées, ils fassent une pause d’une minute; Vous serés plus souvent chéz Vous que dehors, et rien ne me parait plus convenable qu’un local vaste, agréable, sain, et bien situé. Comme je crains, Monsieur, que cette maison ne soit pas long-tems vacante, si vous croyés qu’elle puisse vous convenir, vous pouriés charger Monsieur Votre fils d’aller la voir lorsqu’il viendra a Versailles. S’il voulait me le mander la veille, ou quelques jours avant, je l’attendrais chèz moy, et en même tems je lui ferais voir une collection de chaises a porteur, dans le nombre desquelles il en trouverait surement une qui Vous conviendrait; il y en a de toutes les façons et de tous les prix, parcequ’elles sont D’hazard.

Je desire bien, Monsieur, pouvoir Vous trouver ici ce qui vous en rendrait le séjour agreable. Si je suis assés heureux pour ne pas Vous être tout-a-fait inutile, vous ne m’en devrés assurément aucun remerciement; ici plus qu’ailleurs les hommes n’ont en vue que leur intérêt personnel; si a cet égard je n’ay point échappé a la corruption générale, il me reste au moins assés de bonne foi pour vous avouer que je travaille a mon bonheur en cherchant a vous faciliter les moyens de Vous fixer dans la ville que j’habite.

Toute ma famille me charge, Monsieur, de La rappeller a votre souvenir; ne nous oubliés pas, je vous prie, prés de Monsieur votre fils; puissions nous tous, vous renouveller dans vingt ans les voeux que nous formons pour votre bonheur dans ce renouvellement d’année.

Agréés, je vous prie, les assurance de l’attachement tendre et respectueux avec Lequel j’ay L’honneur D’être Monsieur Votre très humble et très obeissant serviteur

Le baron De feriet

Il y a huit jours que j’ay remis a Mde. La duchesse de Villeroy, quelques verres d’harmonica montés, et parlant aussi parfaitement avec des touches qu’avec les doigts. Je joins ici mon adresse dans le cas ou Mr. Votre fils l’aye perdue, parceque sans cela il trouveroit difficilement mon Logement rue des bourdonnois Maison de Mr. Ris, entre la rue St. honoré, et la rue royale.
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