Monsieur,

Permettés a un pere de famille nombreuse de vous interrompre et sans avoir l’honneur d’etre connu de vous de vous demander si le traittement que l’on annonce en Champagne de la part des Messieurs du Congrés de Philadelphie est réel. Trois fils reformés par la nouvelle constitution des troupes et remplis du desir d’un service, me pressent de leur permettre de s’embarquer avec quelquns de leurs compatriottes pour passer chez les votres. On leur annonce commissions avec grade audessus de ceux qu’ils avoient, et des bons appointements et un congé de trois ans. Je ne crois pas mieux faire que de m’adresser a vous directement ainsi qu’a M. le chev[alier] Dean. Si vous voulés m’honorer d’une reponse et me procurer de l’employ pour mes jeunes gens je vous seray très obligé, en vous observant, Monsieur, que la noblesse de Champagne dont j’ay l’honneur d’etre n’etant pas riche je ne pourrois faire d’autres avances que celles necessaires pour leur equipement et le trajet jusques au port destiné pour l’embarquement.

Je vous procureray si vous le trouvés necessaire les certificats de service et brevets de mes enfants.

Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble très obeissant serviteur