William Temple Franklin to [Louis-Guillaume Le Veillard fils] (unpublished)
a Philadelphie, ce 17. Fev. 1788.

Il y a longtems mon cher Ami, que Je n’ai reçu de vos Nouvelles, et Je crains que ce ne soit ma Faute: car il me semble que Je suis en votre Dette une ou deux Lettres; L’Exactitude n’etant pas aussi important en Commerce de Lettres qu’en Commerce de Marchandises, J’esperois que vous auriez continue de me faire des Remises quand meme vous eprouviez quelque Retard dans les Retours. Mais comme Je vois que Je me suis trompé et que Je cours risque de perdre entierement mon Credit avec vous, Je ne veux laisser echapper cette Occasion de la retablir.

J’ai laissé par mégarde vos dernieres Lettres a ma Campagne ainsi Je ne puis y avoir recours pour y repondre exactement. Je me rapelle bien cependant que vous me demandiez des Renseignements sur la maniere de vivre dans ce pays et L’Argent qu’il faudrait.

Vous sentirez bien qu’il y a beaucoup de Difference dans le prix de vivre a la Campagne ou a la Ville. Pour 80 ou Cent Louis par An, on pourroit louer a 5 ou 6 Lieux de la ville une Ferme d’environs 250 Acres ou il y auroit une Bonne Maison Grange Ecurie etc. et sur laquelle une Famille de 8 Personnes, avec Attention et industrie pourroit se fournir de tous ce qu’ils auroit besoin pour la Table et peutetre de quoi habiller les Domestiques. A Philadelphie comme dans toute grande Ville il y a beaucoup de difference dans la maniere de vivre. Les uns vivent dans la plus grande Oppulence, d’autres et la plus grande partie modestement, et d’autres avec la plus grande Oeconomie. Ici on n’ait pas obligé comme on se croit a Paris, a une certaine Depense d’Apparance. Chacun vit comme bon lui semble et Personne ne trouve a redire. Si a la verité on batit une superbe Maison qu’on a un nombreux Domestique et un brillant Equipage—Il est naturelle que vos Connoissances s’attende que vous leur donniez des dinés, des Bals etc. Mais nous avons peu de Personnes qui font paroitre tant de Luxe. Les Honnetes Gens quoique a leur aise vive d’une maniere simple. Le Maitre de la Maison donne a Diner peutetre huit ou dix fois dans l’Année. Les Femmes dine rarement dehors. Elles ont souvent des Parties de Thé ce qui n’est pas fort couteux. L’Habillement des Hommes est très simple—celle des Femmes est plus dispendieuse mais comme elles sont en General industrieuses et qu’elles font beaucoup de leurs Habits elles meme, elle paroit beaucoup pour le Depense.

Les Voitures ne sont pas a beaucoup pres communes et ne seroit d’aucune Utilité a cause des bons Trottoirs, si ce n’etoit pour la Coiffure et l’Habillement des Femmes, que la pluie ou le vent pourroit abimer ou deranger.

Comme Je vous ai deja dit qu’on pourroit vivre ici selon sa Fantasie, Je connois pas de meilleur Maniere de vous faire scavoir pour combien on peut vivre, qu’en vous donnant les prix Courant de plusieurs Articles au moment ou Je vous ecrit, ne vous repondant pas qu’ils continueront de meme, attendu qu’ils sont en general a meilleur marche qu’ils n’ont été depuis ving Ans.

On pourroit dans ce moment trouver une bonne Maison de trois Etages avec un Grenier de 2 Pieces par Etage, La Cuisine et Offices detachés, convenable pour une Famille de 8 a 10 Personnes pour environ 80 Louis par An. La Farime superfine est a 18 shillings

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