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[c. 1783]
Memoire

Les Etats unis de L’Amerique ont mérité d’être libres et on ne peut douter qu’ils ne le Soient. Pour qu’ils jouissent surement et agréablement de ce précieux trésor, ne convient-il pas qu’ils favorisent la population, le défrichement de leurs forêts, pour nourrir les nouveaux colons et pour que ces colons contribuent aux dépenses indispensiables du Gouvernement; qu’ils se procurent les objets de seconde nécéssité, qu’ils sont obligés de tirer à grands frais de l’Etranger, et qu’ils cherchent à étendre leur commerce d’exportations.

Les manufactures à feu sont incontestablement le moyen le plus sûr et le plus simple de remplir ces vues.

Elles opereroient le déffrichement le plus promp et le plus salubre. Les feux violents et continuels purifient l’air et previennent les dangereux éffets de l’humidité et des premieres émanations d’une terre neuve.

D’après l’expérience et l’observation des plus habiles médecins, les manufactures à feu Sont les seules après le premier et le plus précieux des arts utiles, L’agriculture, qui ne Soient pas nuisibles à la Santé des ouvriers, et qui Soient la source d’une population nombreuse et vigoureuse.

Ces manufactures procureroient aux Etats unis les marchandises en fer, en terrerie et en verre, qu’ils tirent de l’étranger, et même elles leur donneroient de nouvelles branches de commerce d’exportation on ne pourroit opérer ces biens précieux que par un nouveau, en conduisant en Amérique, une suffisante quantité d’ouvriers touts formés.

Les Etats Unis sont trop sages pour ne pas s’opposer aussi longtemps, qu’ils le pourront à l’établissement des manufactures de luxe, comme celles en glaces à miroir, en porcelaine, en quinqaillerie recherchée etc.

Aussi est-on très éloigné de leur en proposer de telles. On croiroit se conformer à leurs vuës, si l’on commencoit par établir deux verreries, l’une en verre à vître commun et l’autre en verre blanc d’assortiment, verres, caraffes, etc. Une fayancerie façon d’Allemagne et d’Angleterre, dont le vernis ne Soit pas métallique.

Des manufactures, en tole; en fer blanc; en fil de fer, et en acier de cémentation.

On suppose, que les Etats-unis sont obligés de tirer d’Europe toutes ces marchandises.

L’amerique septentrionale est très susceptible de ces differentes manufactures.

Il y a des argilles de bonne qualité pour les fourneaux et les creusets de verrerie et pour la fayancerie et poterie.

Les bois y sont inépuisables et de bonne essence. Il ne faut que leurs cendres et du Sable du genre des cailloux ou du quartz, pour faire le verre à Vitre, et le Sel alkali fixe extrait de ces cendres avec le même sable pour faire le verre blanc d’assortiment. Si l’on n’a pas encore découvert en amerique de la manganese et du cobalt. On tireroit d’Europe, la petite quantité de ces deux matieres, qui est nécéssaire pour rendre le verre blanc aussi beau, qu’il soit possible.

On trouve en Amerique de la mine de fer d’excellente qualité. Il suffit d’avoir les principes et la pratique de l’art des forges, pour en tirer le meilleur fer, du fer aussi pur que celui de la roslagie en Suede, le premier de l’Europe.

On ne se permet cette assertion, que d’après l’examen le plus scrupuleux de la fonte et du fer forgé de l’amerique, que la maison Gruel de Nantes a reçu.

Qoique ce fer eut des deffauts essentiels de fabrication, qu’il seroit aisé de corriger, on en a converti en bon acier de cémentation.

La Suede, la Russie, et l’Allemagne importent annuellement pour de sommes immenses, de leurs fers et de leurs aciers de fonte et de cémentation, en Italie, en Espagne et en france. Il seroit tres facile a L’Amerique d’avoir à cet égard l’avantage dans la concurrence, soit parceque n’ayant pour ainsi dire que la main d’oeuvre à payer, Elle pourroit donner ses fers et aciers à plus bas prix, soit parceque sa navigation est plus libre, que celle de suede et de Russie. Pour convertir la tôle en fer blanc, on tireroit l’etain d’Europe, ou des indes orientales.

Trente familles Européenes composées de cent ouvriers touts formés suffiroient pour executer avec succès cette belle entreprise.

On est certain de trouver ces trentes familles hors de l’Espagne et de la france, et de faire donner à chacune un passeport en règle.

Ces ouvriers auroient des conducteurs instruits dans chaque art, auquel ils seroient propres et formés. Touts ces ouvriers auroient avec eux leurs principaux outils de facile transport

On a 150,000 l.t. à employer à l’exécution de cette entreprise. Cette somme suffiroit pour le transport des familles, pour toutes les constructions (les habitations et magazins seroient d’abord en bois) et pour se mettre en état de fabriquer, aux conditions suivantes. 1o. que les états unis accorderoit en toute proprieté aux entrepreneurs 50,000 acres de bois tant plein que vuide sur une riviere navigable et où il y auroit de la mine de fer; en par les entrepreneurs payant annuellement un cens modique, à commencer la 5e. année. 2o. que les Etats-unis fourniroient gratis un vaisseau dans un des ports de hollande, pour le transport des 30 familles et de leurs effets. Les entrepreneurs seroient chargés de nourrir les 30 familles pendant la traversée et jusqu’au lieu de la concession. 3o. qu’arrivés en Amerique, il Seroit accordé aux entrepreneurs un crédit de trois années jusqu’à la concurrence de 100000 l.t. argent de france en bestiaux et en denrées comestibles, en payant par année 5 p%; 4o. Que les conventions faites en Europe entre les entrepreneurs et les 30 familles seroient avouées et ratifiées par les Etats unis de l’Amerique.

Notation: Memoire about Iron Works
640742 = 041-u148.html