Je joins ici la note touchant Mr. de chermont au sujet duquel jai été vous voir lautre jour. Je vous le répete Monsieur vous rendrés un vrai service a une femme tres aimable si vous pouvés lui procurer des nouvelles d’un mari qui ne la méritait pas.

Je vous ai parlé aussi du desir que j’avais eu de passer avec un de mes amis en amerique avec un grade superieur a celui que j’ai en france, et un officier général dont le mérite distingué rend le sufrage flateur, m’a dit qu’il m’avait compris avec mon ami dans une liste, qu’il vous a remise, de ceux dont vous pouvies faire choix. Les circonstances sont changées, mais puisque vous ne voulés plus d’officiers, dedaigneriés vous des citoiens. La guerre vous en enleve touts les jours, vous devés être bien aises de les remplacer. Nés mon amy et moi avec de la fortune et jouissants de touts les avantages de la societé, nous n’etions point de ces avanturiers qui n’ont d’autre resource que dans les tentatives hazardeuses du désespoir. Animés l’un et l’autre d’une honête ambition nous ne croions pas pouvoir la mieux emploier qu’au service d’un peuple qui combat pour sa liberté: mais parcequ’il ne nous est pas possible de contribuer a la défendre nous enviriés vous le bonheur de la partager et refuseries vous un établissement a des gens qui passeraient ches vous avec leur famille et leur fortune. Si vous croiés Monsieur pouvoir me repondre sur le dessein que je vous confie en secret, écrivés moi un mot et je me rendrai ches vous a l’heure et au jour que vous m’indiquerés. Je loge grande rue du fauxbourg St. antoine pres la Barriere du trosne.

Jai l’honeur d’etre Monsieur avec estime et respect votre tres humble et tres obeissant serviteur