Votre excellence sera sans doute surprise de la liberté que je prens de vous ecrire, sans avoir l’honneur d’etre connû de vous, mais la Confiance que j’ay en vos Bontés m’a fait franchir touts les obstacles et ma determiné a reclamer votre protection, en vous exposant que ma famille issuë de la maison des Arondel d’angleterre, et etant en france depuis longtems, etoit restée pour ainsi dire dans l’oubli, jusqua la veille des troubles qui agitent l’angleterre et la france, tems ou j’ay Recû une lettre tres flatteuse de milord Arondel avec une autre incluse pour madame la comtesse de guerchy auquel il m’a recommandé. Pour cet effet de l’avis des colonels du Regiment ou je sers, je suis venû a paris pour tacher d’obtenir quelque place un peu plus avantageuse que celle que j’occupe. Mais malgré la protection de madame de guerchy et celle de mes colonels je n’ay Rien pû obtenir jusquici depuis Six mois entiers et Je ne vois pas que Je puisse Rien obtenir, a moins que votre excellence ne daigne S’interesser pour une malheureuse famille qui a Besoin de Secours. Si vous n’aviez la Bonté de m’accorder L’honneur de votre protection, Je me verrois Contraint Contre ma volonté de passer en angleterre pour profiter des Bienfaits de milord Arondel, mais ce ne Seroit pas tant Raport a moy, qua Cause d’un malheureux pere qui Se voyant Sur l’age et Sans fortune a Besoin de Secours pour le faire Subsister, et Comme mon Etat de Simple Soldat dans les troupes de Sa majesté ne peut que me Suffire a peine, il Reste donc Constant que ne pouvant Soulager mon pere de ce coté Je dois tenter touts les moyens qui peuvent être dans le Cas D’adoucir Ses vieux jours. Nous mettons donc mon pere et moy notre Confiance en vos Bontés et J’ose esperer que votre excellence voudra Bien m’honorer dune Reponce. En attend cette grace je Suis avec le plus profond Respect Monseigneur Votre tres humble et tres obeissant Serviteur