From Madame — de Beauvilliers (unpublished)
De Passy ce 21 avril 1785
Monsieur

Qu’elle temerité à moi D’osér vous interompe! Oui je le Reppette, mais votre âme Reconnû de tout ce qui Respire sous ce climat m’en’gardie et me fait me servir de ce Beau texte du Seigneur, frappé lon vous ouvrira, demandé lon vous donnera. La position facheuse oû je me trouve me dicte la présente, et me donne le plus grand Espoir, et si je nai pas le bonheur destre favorisé dans ma demande, au moins je dois estre persuadée qu’elle ne vous passera pas, et que vous voudréz bien en faire la proie des flammes, etant connû depuis vingt ans que j’habitte passy tout le pays ignore les chagrins qui me devore.

Veuve d’un bon Gentilhomme qui malheureusement ne men a Laizzéz que le titre, en le perdant je perdit corps et biens, me fit quitter mon Etat de petittes Elêves ce qui ne peut aisement ce reprendre. Quand lon ses deffaits de ce qui estoit annalogue à cette Etat, qu’il est difficile de faire de nouvelle Connoissance de confiance, je pris le partie de Reunir avec moi une demie douzeine de pensionnaires, messieurs, ou dammes, qui joint a mon petit Revenûe puis me faire subsister honnestement. Le tems qu’il y a que je Deumeure en ce pays ayant le Bonheur de estre aimé et consideréz ma fait perseverér et ne peut me Resoudre à le quitter, comme tout Etat eprouve des Revolutions telle modique soit il, cest ce qui m’arrive cette an.

Forcé Monsieur, de demenagé de La maison que j’occupais etant en vante je me Logois pres de celle que je quittois pour que lon eut moins de peine a me trouvé, cette mutation me couta plus que mes force, et jeus le malheur pour surcroit de six personnes qui estoit avec moi il ne men est Rester plus que trois, ce qui ma coupé mes vivres en deux, je devais cent louis a mes fournisseurs par des perttes que javais subies, tourmenté pour les satisfaire, et ne le pouvant, voullant evittér des frais de justice que je nai jamais eprouvé, je me deffit de dix marc d’argenterie quoi qu’elle me fut tres nessesaire, montre et autres petit Bijoux pour les appaiser et leur donné un accompte, mais de nouveau harcelléz pour seize louis que je dois à trois autres fournisseurs malheureux eux même me tourmante sans Relache et me font de cruelle nec menace, ce seroit cette somme qui me remeteroit au monde, ainsi que les bonnes gens et secheroit des Larmes que je ne cesse de versér sur mon impossibilité de les satisfaire.

Ce n’est point un dont Monsieur que je vous Reclame ce seroit un prest a peut pres d’un an que je mefforcerois de vous rendre exactement. La Saison qui commance me fait esperér quil me viendra quelq’un pour Remplacer celle qui sont sorties; ma maison est petittes et jollie cela me donne une Esperrance et un avenir plus agréable.

Jauroit eté moi même vous supplier de mêttre favorable mais jai crains de vous derrangér si jai Le Bonheur destre octroyez jirais vous en temoignér me Reconnoissance et vous Renouvellér Le Respect que vous scavér si bien inspirér et avec le qu’elle je demmeure Monsieur, Votre tres humble et tres obeissante servante

V. De Beauvilliers
Grande Rûe, et jy suis connûe
Je me repose Monsieur sur votre prudence pour qui que ce soit ne connoisse les chagrins que jépprouve ce qui me feroit tord et peine.
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