un ancien Trezorier de france qui a trois garçons dont lun sert dans le regiment de champagne, désireroit placer l’ainé au service de la nouvelle angleterre, n’ayant pû le faire employer dans les troupes de l’Inde et des colonies. Le sujet en question est agé de vingt cinq ans et paroit avoir beaucoup de disposition a se distinguer. Il a deja appris ses exercices militaires a la suite dun regiment et les fait très bien. Sil etoit possible, Monsieur, que vous voulussiéz bien lui procurer de l’Employ le pere consentiroit a l’equiper et a le faire rendre a ses frais dans tel endroit ou port que vous indiqueriez pour pouvoir passer promptement dans l’armée du Congrès et sous les ordres de quelques chefs françois jusqua ce quil ait pû apprendre la langue du Pays; ce a quoi il promet de sappliquer sans relache...Je vous demande mil pardons Monsieur, de la liberté que je prends de vous faire une pareille demande, mais jy suis excité autant par l’envie que j’aurois dobliger une famille respectable, que par l’ardeur des voeux que je fais pour le succès des armes de vos colonies, parceque jai été moi même une triste victime de la morgue et de l’injuste oppression de vos ennemis lors des deux sieges quils firent de la martinique en 1759 et 1762, et même depuis la capitulation sous le gouverneur Rufane et dont le détail seroit trop long icy. Jen adressai même dans le temps mes plaintes a Milord D’aigremont ainsi qu’au Parlement d’Angleterre et je nay obtenu aucune justice a cet egard, malgré que mon correspondant le S. teophile D’aubuz m’eut marqué quelles avoient fait beaucoup de sensation a Londres. Vous concevéz aisement d’après cela combien je dois desirer, outre ma qualité de bon françois, lhumiliation d’une nation qui semble vouloir ecrazer et enchainer toutes les autres. Jai cependant eû la satisfaction en mon particulier de prouver que je savois soutenir les droits de la liberté et de citoyen honnête et le malheur est pour moi que les officiers anglois sen sont cruellement vangés aux depens de ma fortune, en mettant dans leur parti les traitres et les malhonnetes gens de cette colonie, ou il y en avoit certainement bon nombre.
Si vous trouviéz, Monsieur, quelqu’inconvenient a m’honorer d’une reponse, je vous suplierois au moins de vouloir bien m’indiquer un rendes vous a votre commodité, pour me la faire de bouche, afin que je puisse la faire moi même a mon ami qui demeure a près de 80 lieues d’icy et ne peut pas agir par lui même dans cette affaire.
J’ai lhonneur detre avec la plus haute consideration, Monsieur, votre très humble et très obeissant serviteur