Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
St G[ermain] ce 9 aoust 1785

No 2

Me voila un peu libre mon bon et tendre ami, vous voyez je suis öbéissante je me sers [ici?] de grand papier, aussi je ne sais par ou commencer voyons l’essentiel. Je suis fachée mon cher oui tres fachée de ce que le voisin doit me reméttre. Si je savois un moyen pour vous renvoyer le paquèt, et un moyen sure, je vous jure que vous le receveriez dans son entier, dans ce moment, et puis ce que vous me dite, je ne puis vous exprimer le chagrin que cela me cause, en verité ça n’étoit point du tout nécessaire, pourquoi ne m’en avoir pas parlé? Oh! vraiment! vraiment! vous avez bien mal fait; au surplus je n’ai pas encore entendue parler du voisin si ce n’est par Mlle M.…qui est venue passer deux jours avec moi, elle est comme vous savez toujours grognant contre vous, et surtout de ce que vous n’avez pas été lui dire adieu, je lui ai représenté vos pénibles occupations, elle m’a répondu que vous aviez été partout éxépté chez elle; elle m’a parlé du portrait, je lui ai dit qu’elle devoit vous avoir fait baucoup de chagrin en le prenant, que vous y étiez fort attaché. Bon à t’élle répondu si c’est comme ça qu’il traite ce qu’il aime, ce portrait qui fait mon bonheur, et dont je suis fiere d’orner ma chambre êtoit dans un taudis remplie de poussiere j’ai pourtant eu envie de lui renvoyer, mais je n’en ai pas eu le courage, je suis sure mon ami qu’elle vous le rendra à votre retour parcequ’elle aura eu le tems de le faire copier, pardonnez lui en faveur de l’amitié qu’elle à pour moi [two words crossed out] vous ou votre papa faites mention d’elle et du pai…dans vos lettres, ils sont pénétrés et peut-être humilies de ce que vous ne parlez d’eux en aucune maniere. La pauvre enfant est devenue, bien plus indulgente, c’et au point qu’elle m’a proposé de nous donner à déjeuner quand vous serez de retour, je crois que dans ce tems elle pourra bien avoir sa maîson [illegible] ce n’est pas le mari… j’espere que vous m’entendez? Elle et son p…ont fait tout ce qu’ils ont pu pour nous engager d’aller passer quinze jours avec eux, impossible d’y faire conssentir.…Il à cet endroit en horreur. Il à raison! Le souvenir de p…m’est trop cher pour qu’il ne le haisse pas. Oh mon ami! mon bon ami! écrivez-moi je vous en prie, écrivez à toutes les occasions. Pouvez vous dans votre derniere lettre me parler de tournure de phrase, bon dieu je suis perdue! Si en m’écrivant vous pensez, à faire des phrases, en avez vous besoin avec votre Blanchette, mais soyez tranquil celle dont vous me demandez pardon êtoit vraiment magnifique [word crossed out] ce qui me touche le plus c’est que je le crois vrai. Il est si doux de croire ce qui fait notre bonheur. Vous êtes bien aimable de m’avoir écrit mais vous ne m’aves pas dit quand il fallait envoyer les lettres, quand les vaisseau partoient, on devoit ecrire ma leçon mais le maitre est tant soit peu étourdi, ce qui ne l’empêche pas d’être bien aimé. Le cher enfant le sait, il n’en abuse pas, seulment sa confiance est êxtreme, la négligence est dit au fille de la confiance, pardon mon ami je ne veux pas vous fâcher, aussi vous demandes du grand papier comme si vous passies votre vie à m’écrire de grandes lettres.

Je vous félicite mon cher de votre philosohie, elle vaut vraiment mieux que celle de votre papa qui voit une bonne jambe. Quand il y en a une des deux de mauvaise, ma petite éxélence voit [word crossed out] la bonne jambe quand elles sont toutes deux droites, cela est est admirable au moins! Je suis toute ravie! Ne prenez pas trop d’amour propre mon cher, il ne faut pas diminuer votre mérite, laissez moi le soins d’admirer, et vraiment je m’en acquite dans la pérfection, parlons sérieusement. Je vous aime trop pour vous soupçonner de ne pas m’avoir dit la verité mais que voulez, vous j’avois un peu d’humeur, et j’avois pensé que sous la malheureuse pluie, votre géni vous auroit inspiré un moyen, ou que vous series venu, même baucoup plus tard, que l’heur indiquée au risque de ne plus trouver personne. Voila Monsieur ce que j’ai pensé je crois encore ne m’être pas trompée, vous aviez raison ce qui fait que je ne vous en veux pas mais aussi il faut que vous ayez la bonte de me pardonner mon humeur, si vous savies ce que j’ai souffert? En verité le souvenir de ne vous avoir pas vu m’est insuportable. Je veux que vous m’écriviés si vous êtes heureux chez vous, comment on vous à reçu, ce que vous faites, je veux savoir tout ce qui vous interresse, ce que vous comptez faire, ne suis je pas votre bonne amie? N’êtes vous pas ce que j’ai [word crossed out] de plus cher au monde[?] Pouvez vous me cacher quelque chôse? Non, non, mon bon f…rien dans le monde ne peut désunir nos coeurs, votre confiance doit égaler la mienne, et vous savez si j’i ai mis des bornes? Que je serai heureuse de savoir votre arrivée, comment notre papa aura suporté le voyage, il ne fait pas un coup de vent que tout mes sens ne soyent glacés. Oh! mon ami! quelle cruelle séparation!

On me traite toujours fort bien et avec les plus grand égards je crois que j’ai un peu plus de liberté mais je n’en suis pas bien sure je suis pourtant à la ville pendant mon veuvage je vais au spéctacle (car nous en avons un dans le moment) demain je verrai Bri…qui vient à un grand repas de noce chez les Vel…dont je suis priée, je serai fort triste des chaines qu’on ne peut rompre, tout est libre dans la nature…Oh! mon ami! la sote chôse que l’esprit humain, combien il a fait de malheureux.

Je remarque que le pere Bri…va souvent sans sa femme et ses enfants. Lui qui quittoit rarement sa maison, il est à presque toutes les fêtes, ou diners que donnent ses amis seulment même dans les endroits où il peut les trouver, le pauvre bon homme se mord les pouce je suis sure de n’avoir pas.…Oh oui! mais il à fait mon bonheur, on ne m’aimeroit pas comme on fait, je ne serois pas la petite idole de la petite éxélence, car vous m’aimez toujours n’est ce pas? Dites le moi dans votre premiere lettre entendez vous. Je suis inquiette j’etois fort laide au moins la derniere fois que vous ne m’avez vue, la chaleur, la fatigue du chemin &c &c…J’etois vraiment fort laide. On pense toujours à la derniere fois qu’on a vu son amie, ce qui me chagrine fort mais vous êtes dans un pays de sages vous aller devenir sage, et les sages disent “que la baute n’est qu’ne image le coeur est tout.” N’avez vous pas trouver mon cher f que la derniere fois que nous nous sommes vu (c’est pour rire qu’elle minquiette) n’avez vous pas trouvez dis je: qu’il sembloit que nous ne nous fussions jamais quitté? Je suis persuadée qu’a votre retour ce sera de même, à moins que votre coeur…Les femmes sont elles jolies en amerique? Si ce coeur est [two words crossed out] toujours à moi, nos sentiments sont si bien unis que nous serons encore ensembles comme si nous nous étions vus la veille, bien entendue les premiers transports passés, ces premiers transports qui font qu’on ne sait plus ce qu’on d’it, encore moins ce qu’on fait, admiré moi donc! à la premiere lettre je parle déja de votre retour, oh! chere esperance! Doux éspoirs des malheureux! Sans toi seroit il possible d’exister?

Il me semble que je n’empois pas mal mon papier ce n’est pas pour vous le reprocher mais grand papier, et petite écriture, je connois des gens qui écrive, petit papier grande écriture, il est vrai que ce n’est pas du havre, encore moins j’espere de l’amerique parlex de moi avec votre papa, est il vrai comme vou le dites qu’il ait été touché de ma lettre? Je vous en prie. Mon ami des détailles, pour me consoler de votre éloignement.

Je me suis acquité de votre commission j’ai baisé mille fois pour vous la personne que vous m’avez recommandez, soyez sure de mon éxactitude à vous en dire des nouvelles, elle se porte parfaitement bien, et embélit tous les jours.

Adieu mon ami voila bien du babil je crois bien que je finirai par vous enuyer car vraiment je suis tout à fait bâtu et surtout fort triste je ne veux pourtant pas trop vous le dire je ne puis suporter les lamentations, il faut que je sois bien affligée pour parler de mes peines, d’ailleur c’est une habitude que je veux prendre de ne point me doluter [dorloter?] comme ces femmes à Sensibilité, vous savez si ces dames sont insuportable! Ce que je puis vous dire c’est à vous de juger si je n’ai pas de chagrins. Mais en verité mon ami si vous m’avez causé des peines sans le vouloir, votre volonte m’en a bien dédomagé, quand je pense à l’honnêteté de votre ame (car la moindre de vos qualites sont les graces de votre esprit, quoi que ce soit ce qui m’a dabord séduit, quand je vous connoissois peu), eh bien cette âme honnête cette maniere tendre d’aimer sans la sote affectation de nos petits messieur du jour, enfin cette douce certitude que vous m’inspiré que vous m’[illegible] toujours, me rends aussi heureuse qu’il me soit possible de l’être loin de vous, et me dédomage de toutes mes peines. N’etre plus aimé! voila ce qui est insuportable! En verité on peut dire que le coeur de son ami est le bouclier du malheur, avec ce précieux bien on n’est point véritablement trop à plaindre. Adieu mon tendre ami, adieu mon cher petit sauvage, bon dieu que je voudrois vous voir, plus de coiffure plus d’élégance, on êtoit infiniment aimable, on est infiniment intéréssant, adieu, adieu, mon ami, si je vois le voisin comme nous allons parler de vous, en vous quittant tous tous deux, votre amie est t’elle venue à votre pensé? En quittant les cotes de l’Europe n’avez vous pas ... pourquoi ce triste souvenir? Quand vous receverez cette lettre vous aurez passer tout danger plus de chagrin je vous promets que lorsque j’aurai recu de vos nouvelles. Je ne vous écrirai plus que des folies et des verité vous devinez les verites n’est ce pas. Accusér la reception de mes lettres voici la 2ieme. Des nouvelles de votre pere je vous prie

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