Vergennes to the American Commissioners (unpublished)
A Versailles le 28 Avril 1785
J’ai communiqué a M. le Maréchal de Castries, Messieurs, tous
les papiers que vous m’avez fait l’honneur de m’addresser
relativement aux Régences Barbaresques, et je ne puis mieux faire
que de vous envoyer la copie ci-joint de la réponse que ce
Ministre vient de me faire sur cet objet.
J’ai l’honneur d’être tres sincerement, Messieurs, votre tres
humble et tres obeissant Serviteur
M.M. Adams, Franklin, et Jefferson.
Copie de la lettre de M. le Maréchal de Castries à M. le
Comte de Vergennes à Versailles le 24 avril 1785
J’ai reçu, M., la lettre que vous m’avez fait l’honneur de
m’ecrire le 21 de ce mois et les différentes pieces qui y etoient
jointes.
Je les ai lues avec attention et je m’empresse de vous faire
connoître, comme vous le désirez mon opinion sur les questions qui
vous ont été faites par les Ministres Americains.
Je commence par vous dire qu’ils ont eû il ya près de trois
semaines, des renseignements etendûs sur les retributions et
présens des puissances Chretiennes, et sur la valeur et l’espéce
de ceux que la France à faits dans quelques circonstances d’éclat.
C’est au Congrès à juger si la bonne intelligence avec les
barbaresques, vaut les sacrifices, sans lesquels ils seroit
superflû d’y prétendre. S’ils parviennent à l’obtenir du Roi de
Maroc et de la Regence d’Alger, Tunis et Tripoli suivront aisement
leur exemple et certainement à moins de fraix.
L’affaire particuliere qu’ils on au Maroc semble les inviter à
commencer par cette puissance, et des trois moyens qu’ils
proposent, je ne vois que le dernier d’admissible.
Le Roi de Maroc n’entretient point en France de Consul a
autoriser; et outre qu’ayant la prétention d’être recherché, je
doute qu’il consentit a envoyer un Ministre vers ceux des Etats
Unis, ce procedé seroit sans effet, et l’agent n’auroit pas de
pouvoir suffisant, pour conclure un traité ou un arrangement
solide. Il en seroit a peu pres de même d’une négociation, suivie
par ecrit. Reste donc à proposer au Roi de Maroc, d’attendre
qu’ils ayent averti le Congrès, pour qu’il puisse lui envoyer un
Consul. Je me chargerai volontiers du soin de faire remettre leur
lettre à ce Prince; et l’officier du Roi aura ordre de rendre tous
les services qui dépendront de lui, aux prisonniers Americains en
attendant que la negociation soit réellement entamée. Dès que les
13. Etats Unis l’auront mise en activité, ils doivent compter sur
l’entremise et les secours du Consul de S. Majesté. Je vois avec
plaisir qu’ils se sont deja ménager ceux de S. Majesté Catholique,
dont la puissante influence leur sera infiniment utile.
Lorsque notre traité avec Alger expirera, nous devons désirer de
le renouveller, et nous pouvons nous flatter qu’il le sera sans
difficulté; mais s’il en éprouvoit qu’il fallût surmonter, le Roi
est dans l’habitude de ne connoître aucune intervention étrangère,
pour établir ou conserver la bonne intelligence qu’il lui convient
de maintenir avec les puissances Barbaresques.
Vous pouvez au reste, M., assurer les Ministres Americains
qu’ils trouveront le Roi constamment empréssé a favoriser leurs
négociations auprès de ces Etats; et a leur prêter en toute
occasion, les soins et les offices qu’il leur rendroit, quand même
il n’y seroit point engagé par la convention qu’ils reclament,
mais il faut pour cela qu’ils se mettent eux-mêmes en mesure d’une
exécution vraisemblable.
J’espère, Mr, avoir précisement répondu a tous les points de la
lettre que Messieurs Adams, Franklin, et Jefferson, vous ont
écrite et à tout ce que renfermoient d’essentiel les pieces dont
ils l’ont accompagnée.
J’ai l’honneur de vous envoyer les originaux et d’etre etc. etc.
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