From ——— (unpublished)

Malgré la rigueur de la saison qu’on va eprouver et la lassitude des americains ils doivent a ce qu’on pense profiter de l’hyver pour faire leurs efforts sur Neu-yorck, on ne pretend pas qu’ils assiegent cette place mais il faut tout tenter pour parvenir a bruler la flotte qui y stationera: surement les americains ont la connoissance des chemises souffrées qu’on attache aux vaisseaux pour les incendier, il est utile qu’ils se mettent bien dans la tete que rien n’est impossible quand on a de la bonne volonté, du courage et de l’audace: les anglais ayant leurs batimens hyvernés a la rade de Neu-yorck ou a l’embouchure du North-river il convient de repandre sur la cote des matelots fidels et determinés qui peuvent ou par une brume ou dans la nuit aller attacher les chemises de souffre aux d[its] vaisseaux qu’ils aprocheront soit a la nage soit en canot; il seroit possible de pou[r]voir ces marins de Scaphandres, on peut s’en procurer a paris et en faire passer a l’amerique quelqu’uns pour servir de models.

Une entreprise aussi audacieuse ne pouvant etre executée qu’avec le plus grand danger, on doit exciter a s’en charger par l’espoir d’une forte recompense, ces agens deviendront industrieux pour aprocher la flotte soit comme pecheurs ou marchands soit en y prenant du service soit enfin en s’introduisant dans Neu yorck, dans staten-island ou dans long-island.

Si les americains ne connoissent point les chemises souffrées il est necessaire de leur en envoyer de Brest, Rochefort ou toulon, et d’y joindre la maniere d’en preparer, on l’aura aisement des artificiers de la marine. Dans le cas ou les americains suivront le plan cidessus qu’on regarde comme infaillible il seroit important que leur armée eut pris ses quartiers assés pres de ceux des anglois pour les attaquer dans le moment du desordre de l’incendie 1º parceque les incendiaires se sachant soutenus en auroient plus de courage esperant etre sauvés; 2º parce qu’une attaque brusque dans le moment ou les anglois seroient occupés a eteindre le feu ou leur oteroit la facilité de porter a leur flotte le secours necessaire ou pouroit reussir par la double consternation quelle occasionneroit.

On a le tems de preparer ce grand coup dont on sent l’importance, il n’a besoin que d’une vingtaine d’hommes determinés et animés par l’espoir de 1000 guinées chacun en cas de succés; il est presque impossible dans un bassin aussi vaste, avec un cordon considerable de cotes a garder de s’en garantir, et la reussite en est sure, si ces hommes sont bien dirigés, si le secret est bien gardé et si on l’entreprend.

Endorsed: Reflexions anonimes
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