From Lafayette (unpublished)
Observations sur l’habillement

En remplissant l’intention du Congrès et de Son Excellence Monsieur franklin, il n’y a rien à ajouter à la forme des habits qui, ce me semble, doivent etre longs, larges, et accompagnés de tres grands Revers à l’angloise, les meilleurs que l’on puisse faire pour l’amerique.

On me dit qu’il doit y avoir trente mille paires de souliers, trente mille paires de bas, trente mille chemises, quinze mille chapeaux, quinze mille habits complets dont cinq mille tout faits et tous d’une excellente qualité.

J’ai de très fortes Raisons pour observer que le service public est interessé à faire couper en france les habits qu’on n’aura pas le tems d’acheter.

Il paroit qu’on avoit negligé l’article des cols, des pantalons (over alls) et des couvertures qui tous les trois sont necessaires.

Je remets à Monsieur de chaumont un Modele de Cols avec quelques observations.

Son exc. le g[énér]al Washington a toujours pensé que les pantalons etoient un article essentiel à son armée, et je puis Repondre qu’il mettra un grand prix à avoir quinze mille over alls tels qu’on en porte en amerique, de toile blanche mais faite pour resister à la fatigue.

On ne peut absolument se passer de couvertures, sans elles le soldat prendra des maladies, sans elles il ne jouïra pas du Reste de l’habillement et gâtera ses habits dans trois semaines, sans elles enfin l’on sera obligé comme on a fait jusqu’ici d’aller enlever les couvertures des lits des citoïens qui en epprouvant cette calamité seront peu sensibles aux autres envois de france qui arriveront en Amerique.

Je pense donc qu’il faut ajouter à l’habillement, des cols, des overalls de toile blanche, et de bonnes couvertures bien amples, et je prendrai cette occasion pour ajouter ici que la campagne s’ouvrant avant le mois de May, les Retours aux differents Regiments, et les Rengagements se faisant dans ce tems-là, et que deux grands mois etant necessaires avant que Rien parvienne au quartier general, il est de toute importance que les differents articles soient prêts à la fin de ce mois et qu’on en fasse embarquer au moins une part pour le premier de Mars

Lafayette

p.s. J’enverrai mardi un modele de chapeaux si [celui] du Congres ne suffit pas je repondrai pour le reste.
Paris le 12 fevrier 1780
Il est, je crois, inutile d’ajouter qu’on doit avoir pour messieurs les officiers des fournitures de tous les articles d’une espece plus fine, et à un prix très moderé dont même le Congrès seroit bien de se charger. Sans quoi l’on aura le choquant spectacle de voir des soldats vetus quand leurs officiers seront presque entierement nuds.
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