From James Milne (unpublished)
Second Mémoire Du Sr Milne Méchanicien Anglais

Le Sieur Milne, inventeur des machines à carder et filer le Coton établies à neufville en franc Lyonnois, espérant que le Gouvernement voudra bien luy accorder le privilege qu’il demande pour L’etablissemnt d’une manufacture de toiles de Coton, Se propose d’ailleurs d’introduire en france cinq objets nouveaux également de Son invention.

Le Premier objet est un Blutoir pour la farine qui fait dix fois plus douvrage que ceux actuellement en usage, qui occupe beaucoup moins de place, qui Sépare dans lá même operation, à mesure qu’il blute, les differentes qualités de farine & de Sons et qui, par le moyen d’un plan de brosses frottantes contre la Toile d’acier dont est composé ce Blutoir, rend La farine beaucoup meilleure & plus vive. Cette machine n’est Sujette à aucun derangement ni a être rongée par les Rats, ou par les insectes. Celui qui la fait mouvoir peut obtenir à sa volonté tous les dégrès quelquonques de finesse dans la farine qu’il blute, et dans tous les cas possibles il ne reste point de farine attachée au son; c’est une Séparation totale des parties farineuses de celles qui constituent la pellicule du grain. Lavantage que le Boulanger trouvera dans cette farine ainsi blutée Sera de pouvoir y mettre plus d’Eau qu’à l’ordinaire, d’avoir une fermentation égale et complette dans toutes les parties de son levain, et de fournir au public un Pain plus beau encore et plus sain que celuy fait aujourdhuy par les meilleurs Boulangers de france.

Le second objet est une méchanique pour carder la Laine, qui peut être mise en mouvement par le moïen de L’eau ou autrement suivant la Commodité de Manufacturier. Elle Comporte non seulement l’avantage d’abréger considérablement la main d’oeuvre, mais celui de carder toutes les especes de Laine propres à differens degrés de filature quelquonque. Une seule personne, par ce moyen fait autant d’ouvrage que trente qui cardent à la main et cet ouvrage est infiniment plus beau, et plus propre à la filature.

Le 3e. objet est une machine à filer la Laine, à tous les differens dégrès de finesse que lon puisse desirer, Suivant les differentes qualités de Draps que lon veut faire. Cette machine, à Laide d’une Seule personne, fait autant d’ouvrage que vingt fileuses à la main, et la filature en est mieux Suivie et plus égale que par la methode ordinaire celle de filer à la main.

Ces deux mechaniques deviendront dune tres grande importance pour la france, en ce qu’ayant les plus belles filatures de Laine, elle fournira aux païs étrangers des Draps plus beaux et à meilleur marché que Langleterre. Cet avantage ouvrira une branche de Commerce de plus avec Les anglo-americains qui, trouvant en France et les plus beaux draps, et Les plus belles toiles de Coton, à meilleur marché que partout ailleurs, finiront par faire leurs achats en tout genre dans ce Royaume et oublieront pour ainsi dire qu’il existe d’autres contrées commerçantes en Europe.

Le 4e objet est une machine à éplucher le Coton; elle sera de la plus grande importance pour les iles françoises, puisqu’elle abrége la main doeuvre, de maniere qu’une Seule personne peut faire autant d’ouvrage dans le même espace de tems, que vingt autres par la methode ordinaire.

On fait que Les Negres des iles qui font mouvoir les machines à Cylindre actuellement en usage pour cet objet, ne peuvent éplucher chacun, au dela de 25 Livres de Coton commun, par jour. On fait qu’ils ne peuvent éplucher le Coton, nommé Moussu verd, qu’à la main, et que Chaque personne en peut à peine éplucher une livre. Par cette raison la Culture de ce Coton moussu verd, qui vient naturellement dans presque toutes les iles occidentales, à été fort négligée et cependant par les épreuves qu’on a faites de ce Coton, il est démontré que c’est le plus beau de tous et le plus propre à la fabriquation des mousselines.

Le sr. Milne qui a parcouru exprès les iles occidentales pour mieux connaitre les differentes especes de Coton à fait Ses observations à plusieurs planteurs sur l’espece de Moussu verd; et c’est d’après les obstacles qu’ils ont éprouvés à l’épluchage, qu’il S’est occupé d’inventer la machine qu’il propose aujourdhuy. Cette machine mise en mouvement par le moien de L’Eau ou du Vent ou autrement peut a l’aide d’une seule personne, éplucher Cinq cent Livres pésantes de Coton par jour. Ce qui fait l’ouvrage de 20 Négres occupés aux machines ordinaires. Outre ces avantages la machine du sr Milne à celui de nétoyer et ouvrir le Coton, en même tems qu’elle lépluche; de façon qu’il est tout prêt à être cardé; et cela Sans qu’il perde rien de Sa beauté, et Sans qu’il y reste aucune tache; avantages qui ne se trouvent point dans la maniere ordinaire dont on lépluche aujourdhuy.

La même machine est aussi propre pour lépluchage du Coton moussu verd dont on vient de parler que pour toutes Les autres especes De Coton, ce qui offrira aux planteurs l’occasion de Cultiver cette premiere espece, non seulement parcequelle vient en abondance et a peu de frais, mais encore à cause de la Préférence qu’on luy a accordée avec raison sur toutes les autres.

Le 5e. objet est une machine à Eplucher et nétoyer le Ris, laquelle peut être mise en mouvement Soit par Eau, soit par Cheval ou par Bras. Cette machine présente les avantages Suivant: 1o en ce quelle fait, à l’aide d’une Seule personne autant d’ouvrage dans le même tems que Cinquante négres; 2o. en ce qu’elle Epluche et nettoye le Ris bien plus proprement qu’à la maniere ordinaire et 3o. en ce que, par sa Construction, elle epargne Cent pour Cent de Dechet que font les Negres par les moyens connus qui sont des Pilons et des mortiers; moyens qui brisent plus de la moitié du Grain et occasionnent une perte Enorme pour les planteurs./.

Endorsed by Benjamin Franklin: Memoire of Milne, Mecanicien Anglois
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