Ceux, qui se donnent l’honneur de vous écrire, sont deux jeunes gens, dont les familles sont des plus honnêtes de Cette ville.
L’un, que ses parens ont retiré du service, pour lui faire embrasser la profession d’Avocat, sait de la Tactique et de l’exercice des troupes françaises, ce qu’en savent ordinairement Les Jeunes Officiers.
L’Autre, qui est né à Paris, (Et qui se destinant à la Marine, sait un peu de Dessin) a pû servir dans les Troupes de France avec le grade de lieutenant, qui lui Etoit offert par un Colonel, que son père, Médecin de Paris et de Montpellier, avait guéri d’une Dartre farineuse générale: mais sa Jeunesse, ses études et Le Choix d’un autre état, que ses parens avoient déjà fait pour lui fut ce qui l’empêcha d’accepter cette offre.
Ces deux jeunes gens veulent passer dans le païs dont vous êtes un Deffenseur.
Il ne sera pas nécessaire de vous dire quel motif Leur a suggéré ce dessein, quand vous saurés qu’ils abandonnent un état et la fortune dont la mort de leurs parens les aurait rendus maîtres.
Comme ils veulent conserver un état convenable à leur naissance et à cellui qu’ils abandonnent, Ils vous écrivent pour vous demander un Brevet de lieutenant ou de sous-lieutenant.
Vous savez, Monsieur, que les jeunes gens, dont les pères sont en vie, manquent souvent d’argent; en Conséquence ils esperent, que, si vous les ajoutez au Nombre de vos Compatriotes et des deffenseurs de vôtre patrie, qui deviendra la leur, vous ferez les frais de leur passage en Amerique, quand Ils seront à paris où il faut neçessairement qu’ils passent pour arriver dans le pays qui s’honore de vous Compter parmi ses Citoyens.
Ils vous supplient, Monsieur, de leur accorder une réponse prompte et positive et de les croire avec le respect que mérite un libérateir de son pays, Monsieur, vos très humbles et très obeissants serviteurs