M. de la Motte-Piquet est parti le 25. de la Baye de Quiberon, avec un Convoi qu’il attendoit depuis six semaines: il a ordre de l’escorter jusqu’a une distance que nous ignorons. On assure que le St. Michel et l’Artesien ont ressorti, sitôt le vent de Nord-Ouest forcé, passé, et qu’ils se sont mis au large sous les ordres de M. de la Motte-Piquet; j’en serois fort aise, la partie seroit égale, à un vaisseau près, l’escadre de l’Amiral hood etant de dix vaisseaux de ligne et le chef Breton en ayant neuf, en supposant la jonction des deux vaisseaux de Rochefort.
La Belle Poule aïant consenti, dans trois endroits, sa vergue de misene, cassé sa grande vergue et un mât de hune, et n’aïant pu au bout de 36. jours dépasser les 37. dégrés de Longitude a relaché a Brest. Il y eut ordre de donner la frégate la plus prête a M. de Marigny, afin de suivre la déstination qu’il avoit dans la Belle Poule. En conséquence mercredy il prit la Sensible et doit partir aujourd’huy, ainsi que la Pallas qui n’ayant pu gagner Dunkerque, a ordre de s’y rendre.
Mercredy dernier, ordre est arrivé de presser l’armement de l’Escadre.
Il nous est parvenu un réglement de la Cour qui autorise a prendre des officiers de la Marine Marchande auxquels on donnera des brevets de Lieutenants de frégate. Il y en aura quatre sur les vaisseaux du premier rang, trois sur les autres, deux et un succéssivement suivant la force des bâtiments. M. de sartine à bien voulu en laisser le choix aux Capitaines. Il est dit qu’après la campagne, ces Messieurs seront tenus, s’ils veulent conserver leurs brevets, de présenter au Conseil de Marine un certificat signé non seulement du capitaine, mais encore de chaque officier de l’Etat major. Tout cela est bien vu.
On attend a chaque Courier la promotion d’officiers généraux, de Capitaines, d’Enseignes, de Gardes-la marine et d’aspirants.