Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
No. 6. Bé ce lundi 7 novembre. 1785

Si jamais j’ai en envie de prendre du [petit] papier c’est bien aujourd’hui, mais il faut être généreuse et rendre le bien pour le mal, et puis je pense que vos gazétes et mercures ne vous diront rien de moi, ami je ne dois pas (comme vous) compter sur eux pour vous donner de mes nouvelles, en voila donc de ma propre patte, attrape minette!

J’ai recu un petit billet du voisin datté du premier de ce mois il me mande de vous écrire au plutot parcequ’un vaisseau part comme le No 5 etoit a la poste du 25 octobre, c’est lui que vous receverez par ce trop heureux vaisseau, helas! Oui! trop heureux vaisseau puisqu’il va en amérique comme je l’avois prévu les papiers publiques m’ont donné des détailles de votre voyage je sais que vous avez éssuiés une tempête de vingt quatre heurs, en lisant cet article tout mon corps à frémi car entre nous je ne suis pas trop brave et ce mot tempête est térible pour une blanchette qui n’a jamais passé que des ruisseaux encore avec des planches. Heureusement que je n’ai su les faux bruits de votre captivité qu’apres la nouvelle de votre arrivée toute invraisemblable qu’êtoit la chôse je crois que j’aurois eu de l’inquiétude vraiment si ces mechantes barbares avoient pris ma petite éxélence avec les précautions pour garder leur femmes… oh…ce n’est qu’on s’en [illegible], vous le savez mais c’est [torn] pas du tout ces sortes d’accident la. [torn] en m’écrivant un petit mot pour ma [torn] votre arrivé chez vous, me marque qu’il attend de vos lettres dans un mois il y a à peu pres une vingtaine de jours de ça ainsi celon son compte j’auroi de vos lettres seigneur dans dix ou douze jours. Si dans ce tems je ne reçois pas un infolio, dieu sait qui sera grondé.

Je voudrois savoir mon ami ce que vous faites? Comment sont composé vos société? Je sais que les mauvaise tête (pour ne pas dire pire) qui ne rendoient pas justice à notre papa sont revenus à lui, je sais que le président du congrès lui a rendu une visite, dites moi si la présidente à été aussi voir le petit fils. Oh! surment à moins que le président ne soit garçon dites moi quel sont les plaisires de ph…Ils doivent paroitre bien tranquiles pour une petite exelence accoutumée au bal de l’opera aux spectacle &c &c…Et vos dames? Oh par exemple vos dames doivent etre des docteurs ça vous lit de la morale tant et plus, vous devez leur trouver bien de l’esprit mon cher f.…Cela vous est plus facile qu’a un autre vous avez connu Md de Br…/ particulierement. Je ne sais pourquoi cette méchante femme est venue à ma pensé? Mais avouéz qu’elle n’est pas comparaison à craindre? J’espere que vous ne lui écrivez pas mon cher si je le croyois cette lettre seroit la derniere que vous receveriez de votre Blanchette, ne vous fachez pas ne gronde pas mon cher enfant surtout ne vous mettez pas en colere je n’aime point à être battue. D’abord c’est qu’il n’en [illegible] ni plus, ni moins et puis plus je hais cette femme plus il faut que j’aime la petite éxélence, ainsi la petite éxélence n’aura pas le sens commun si elle grogne.

Puisque je vous demande ce que vous faites il faut que je vous dise à mon toure à quoi je passe mon tems. Premierment je vous aime toujours, et il faut le dire je vous aime toujours plus que jamais.

“du tems ni de l’éloignement

“non vous n’avez rien à craindre

“le vent rend le feu plus evident

“quand il ne sauroit l’éteindre

Ah! vive l’erudition d’une femme tendre! Je crois qu’on ne peut une citation plus juste et plus à propos? Cela vaut bien de la morale? Tenez mon ami selon moi, ovide vaut mieux que sénéque, et ne pense-t’on pas toujours bien? quand on sait aimer. Aussi voila pourquoi je pense dans la perfection. Apres cette douce occupation de vous aimer je lis, je lis presque toujours des traductions vous devinez bien de quelle langue, j’aime votre Shakespeare de tout mon âme il me fait tourner la tête et souvent frémire mon coeur. Quoique je lise baucoup je suis tres peu seule on lit à côté de moi. Du reste même souci mêmes égards peu de liberté. Je ne vois presque plus les habitans de la ville la saison étant trop avancé et trop froide, je compte quitter ceci dans le courrant du mois prochain, tout à present m’est assez indiferent partout ou j’iroi je n’ai pas d’heureuse rencontre à faire. En parlant de rencontre il y a quelque tems que chez Mon campan de versaille on me parla d’une bague de perle &c…Vous imaginez qui est devenue rouge pâle de toutes les couleurs car on a présisément d’épeint la votre comme on avoit l’aire de bonne foi et point méchant je me suis remise facilement et un grand chapeau à caché mon trouble adieu mon aimable ami je suis trop pareseuse d’écrire pour vous mander les nouvelles relative aux gens de notre connoissance surment le voisin vous marquera se qui se passera de nouveau dans notre chere et ancienne societé cependant s’il ne le fait pas dites le moi malgré ma paresse je bavarderai davantage le tout pour vous faire plaisire, mais c’est que quand je vous ai parlé de vous je ne sais plus parler des autres. Adieu je compte sure votre lettre j’espere que vous l’aurez adressée sous envelope au voisin qui en vert [moi?] est on ne peut plus obligeant, et qui surment me la fera tenire à l’adresse ordinaire de / Je ne sais quand celle ci partira. Je tacherai de vous écrire encore une feuille ou deux avant de la fermer. Une feuille ne demande pas tant de tems a ecrire que quatre en attendant bon soir mon bien aimé je tombe de someille il seroit trop long de vous conter pourquoi je vous ecrit apres souper mais a peine si je vois claire. Pour parler net je vous aime tendrement parceque vous etes fort aimable

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