From — Cottier (unpublished)
Doullens le 1er fevrier 1781.
Monsieur,

N’accusès, je vous suplie, que votre âme aussi généreuse, que bienfaisante de la liberté que j’ose prendre aujourd’huÿ de réclamer vos bontés.

Je viens de lire, dans le mercure de france du samedÿ 27 janvier 1781, page 154, article d’angleterre, ce qui suit.

“La gazette de pensilvanie du 3 octobre contient la lettre suivante du Chev. du Buisson aux généraux smalvood et Gist. Elle est dattée de Charlotte le 26 août etc. etc.”

Le nom du Chev. du Buisson m’a frappé, une demoiselle de condition, peu fortunée, âgée d’environ trente deux ans qui est confiée à mes soins, porte ce nom.

Des affaires d’intérêt et de famille, ayant mis M. son pere qui porte ce même nom, dans le cas de passer aux isles de l’amerique vers 1757, on n’en a point entendu parler depuis. Le bruit de sa mort s’est repandu en 1758; mais telles récherches qu’on ait pu faire, tant dans les Bureaux des ports de france, que dans ceux de la marine, on n’en a eu aucune certitude précise.

Il a épousé une Demoiselle de Condition de la province d’artois, avec laquelle il a eu plusieurs enfans dont il ne reste que la Demoiselle dont je vous parle. On croit qu’il s’est embarqué au havre, sur un navire hollandois il peut être âgé de 50 à 60 ans.

Je me charge avec plaisir, Monsieur, d’être auprès de vous, l’interprête de cette aimable Demoiselle et Je viens avec confiance vous suplier avec elle, de vouloir bien me mander, si vous connoissés le Chev. du Buisson qui paroit etre au service des provinces unies, et dont il est question dans le mercure, et si d’après les renseignemens que j’ay l’honneur de vous donner, ce ne seroit point le Pere de cette Demoiselle; et dans le cas où il n’auroit pas le bonheur d’être connu de vous, si, par vos correspondances, il ne seroit pas possible d’acquerir cette connoissance. Depuis votre séjour en france, Monsieur, Vous avès déja donné trop de preuves de votre humanité, et de votre propension à obliger les malheureux, pour que Mlle. Dubuisson n’en espere les secours les plus efficaces, dans une recherche que sa tendresse filialle ne lui permet pas de perdre de Vûe. Elle seroit, ainsi que moy, trop heureuse de vous devoir ce bienfait.

J’ay l’honneur d’être avec le plus profond respect, Monsieur, Votre trés humble et trés-obéissant serviteur

Cottier
avocat au Parlement President
des traites à Doullens-picardie
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