From — d’Avelange (unpublished)
Le 17 7bre 1783
Monsieur

Depuis long-tems Possedé du desir de m’etablir dans l’amerique je crois ne pouvoir trouver une circonstance plus propice que celle de profiter de l’instant de votre sejour à paris pour solliciter votre officieux concours.

J’ai l’honneur de m’addresser à un ami de l’humanité, a un filosophe, à cet homme, qui jouit à si just titre de la Haute estime de tous ces concitoÿens.

Que ne pourrais-je point dire, si ma plume pouvait rendre les sentimens de mon coeur: comme je ne pourrais qu’affaiblir les traits qui vous caracterisent, j’avoue mon insuffisance, que ce defaut me reste personel, sans diminuer vos Rares qualités: au moins vous devez voir par un effort impuissant que je fais, à vous peindre, que j’ai l’honneur de vous connaitre par la Renommée: je vous ais reveré hautement (homage tout frel qu’il est, doit flatter le grand homme).

Voila Monsieur les titres qui doivent legitimer ma liberté a vous demander votre concours à avoir un etablissement dans une des villes des provinces unies.

Il est dans l’ordre de vous annaliser, qui je suis, qu’el est mon talent: je suis né sur les frontieres du Roÿaume, issue d’une famille Noble distinguée dans l’épée et dans la robe.

Dès l’age de 16 ans contrarié dans le choix d’un etat, j’ai suivi par un gout de prédilection les ecolles de gallien et d’hipocrate: depuis cet age jusqu’a trente trois aujourdhouÿ j’ai exercé cet art. Il seroit Bas d’etre son appologiste, et ridicule de se louanger soi meme. Mon etat est prouvé par l’exercice.

Je desirerois de me fixer dans une de vos villes: permettez de vous demander, si je puis suivre ce projet sans temerité, si la qualité de Medecin et chirurgien sont des titres à etre reçu: j’ose vous demander votre conseil, et meme votre recommandation.

Vous est trop Noble, et genereux pour Vous offanser de ma liberté. On peut transmigrer sans reproche: cadet de dix freres et une soeure, je n’ai point de fortune j’ai une mere denaturée et mârâtre mais assez de filosofie, pour savoir me contenter de peu.

Je cherche un climat Heureux avec peu de prejugé: etre util à mes semblables, est mon seul desir.

Je sais le français, l’alleman, l’italien et le latin. Ces langues par principe peu sans doute vous importe ma croÿance: je suis tolerant: j’envisage l’etre Supreme comme le pere de touts les Mortels: je ne juge personne touts les Hommes sont mes freres: voila Monsieur ma foie.

J’ose derechef vous demander excuse de ma liberté, et vous conjurer de m’honnorer de votre conseil: en attandant cette grace j’ai l’honneur d’etre avec des sentimens de la plus haute vènèration Monsieur Votre et très humble et obeissant serviteur

D’avelange MD
St. germain La Potterie près Beauvais.
J’ai l’honneur d’addresser cette presente a une de vos Compatriotte, que j’ai eu la satisfaction de soulager l’anné passé à un sejour, que j’ai fais à Versailles: cette respectable demoiselle peut attester sa cure: comme elle l’honnore de son souvenir depuis cet epocque j’espere elle ne me refusera point le concours: à Vous faire parvenir ma demande. Elle se chargera paraillement de me faire parvenir votre reponse en cas que vous jugiez à Propos de m’en faire une.
Notation: Davelange 17. 7bre. 1783
640283 = 040-u372.html