Louis Le Veillard, fils to William Temple Franklin (unpublished)
Vendredi 4

J’aurai l’honneur de vous confier tout bas tout basque j’ai le plus grand besoin d’une berceuse. Je pense que vous entendez assez la lanque pour qu’il ne soit pas nécéssaire de vous expliquer ce que c’est qu’une berceuse; dans les besoins pressants on a recours a ses amis, et dans ceux qui sont un peu délicats, tels que celui cy, on s’addresse a ceux de ses amis qui reunissent le plus de discrétion et d’intelligence. C’est a tous ces titres monsieur que je mets ma confiance en vous, et vous prie de vouloir bien m’aider a sortir d’embaras.

Il s’est présenté a moi une jeune fille dont le nom de famille est audrillon?, elle ma dit avoir servi mad. jay: qu’elle étoit chez elle dans le tems qu’elle demeuroit chez vous; c’est elle qui a gardé ses enfants dans leur petite verole, et mad. jai l’auroit emmenée en Amérique si ses parents, a [la] Demoiselle Andrillon l’avoient voulu; elle a ajouté que [dans] ce tems la elle travailloit pour votre maison. [Pourriez] vous me dire si toutes ces choses sont vraies et surtout si mad. jai vouloit effectivement l’emmener, ce qui feroit surement l’éloge de la fille. Vous me ferez un grand plaisir de me donner tous ces renseignemens, et de me les donner en ami, si vous aviez entendu dire quelque chose de cette demoiselle qui ne fut pas a son avantage j’espere que vous voudriez bien m’en avertir.

Au surplus je vous aurai la plus grande obligation du monde quoique de vrai la berceuse ne soit pas positivement pour moi mais bien pour Mad. Lefranc qui vous remerciera et vous bénira a la journée si elle peut avoir un bon sujet de votre main.

Adieu Monsieur, je me figure que vous ne nous verrez guere a carnaval, mais vienne le tems de pénitence et dieu sait comme vous vous en donnerez de notre compagnie. [Et] dieu sait aussi que je serai fort aise, car jai [toujou]rs grand plaisir a vous voir.

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