From J. J. Defranq (unpublished)
Orchimont le 18 mai 1777
Monsieur,

Mes etudes etant finies, j’etois destiné par mes parens à l’état militaire, que Leurs facultés me permettoient d’embrasser; on avoit deja meme conclu pour une Sous-Lieutenance dans un de nos regimens autrichiens et Je me disposois à combler Leurs veux et les miens, lorsque la fin d’un procès considerable, que nous venons de perdre par la faveur et à la sollicitation de nos ennemis, vint mettre un obstacle invincible à la conclusion de cet achat; parce que la plus grande partie de notre fortune en est absorbée.

Après ce revers je ne sus d’abord à quel Saint me vouer en voiant pour Jamais mes projets aneantis, presque avec moi meme; mais Les gazettes vinrent alors à mon secours, elles m’apprirent que je n’étois pas entierement perdu, puisqu’en effet j’y vis que vous rendiez à la cour de france, où vous ne vous lassiez pas de rendre service aux malheureux, qui avoient recours à vos bontés, en les faisant passer dans la republique, dont vous etes membre, en amerique et que vous leur procuriez des emplois convenables: et jesperai dès cet instant que vous voudriez bien en faire autant en ma faveur. J’attendrai votre réponse, si vous voulez bien m’en honorer, pour partir, et après avoir été vous remercier, j’irai de suite occuper le poste, quel qu’il soit, que vous m’aurez destiné. Si vous voulez me faire l’honneur de me répondre, ayez la bonté de me marquer quels sont les arrangements que je dois prendre si quelques colons de cette province de Luxembourg pourroient me suivre avec quelque esperance de rendre leur fortune et leur vie plus aisées dans ce pays là que dans celui-ci, et quel est le genre de vie qu’ils meneroient; et enfin si une Lettre de recommandation d’un gentil-homme voisin de mes amis pour monsieur le marquis de la fayette, qu’il a eu l’honneur de connoitre, à Paris au College du Plessis, tres particulierement me seroit utile où necessaire. Ma reconnoissance ne finira qu’avec moi, et je ne cesserai de former des voeux au ciel pour la conservation de vos Jours et j’aurai toujours l’honneur d’etre avec le plus profond respect, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur

J. J. Defrancq
Le cadet
p.s. Si vous daignez me faire l’honneur de me récrir, mon adresse est chez mon pere avocat à Orchimont par Sedan, Bouillon et Palizeuil. Si vous ne voulez pas me faire cet honneur pardonnez moi au moins la hardiesse que j’ai prise de vous ecrire.
Endorsed: De Francq Of.
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