William Temple Franklin to Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Philadelphie 17. Novr. 1788.

La derniere Lettre que J’ai recue de vous mon cher Ami, est dattée le 6 Aout,—vous ne m’accusez pas la reception de la mienne du mois de Fevrier,

Je me trompe—en relisant votre Lettre Je vois que vous l’avez reçu.

et Je crains qu’elle ne soit restée a N. York avec plusieurs autres que J’ai ecrites en meme tems. Vous savez sans doute que les Pacquetbots sont interompus depuis quelque tems, ce qui est cause J’imagine que Je n’ai pas encore reçu la Glace pour ma Machine electrique que vous m’anonçates au Mois de Fevr. dernier. Voulez vous bien mon ami vous informer si elle est encore partie du Havre et si elle y reste encore, donnez des ordres pour qu’on me l’envoye par le premier Batiment marchand ou autre qui parte pour Philadelphie ou N. York.—et qu’on m’ecrive une Lettre d’avis en meme tems. Actuellement que nous sommes sur les Commissions permettez que Je vous donnent encore quelques unes mais a cette Condition que si elle vous cause trop d’embarras vous ne me les executerez pas. Vous savez que J’ai une partie de la petite Bibliotheque des Theatres, cet Ouvrage me plait et Je voudrai l’avoir complet. J’ai les treize volumes du l’Année 1784—et les No. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 9. 10 du 2de Année 1785. Il me manque en consequence le No. 8. du 2de Année et tous les Nos. qui ont paru depuis le No. 10. Tachez Je vous prie de me les procurer, Je dois les avoir aux Prix des Souscripteurs, Je ne scais si Je n’ai pas souscrit pour la 2nde Année?—Voici encore ce que Je desirerai avoir. 1º Memoire sur les moyens de Construire des Planchers, en bois avec plus de solidité et d’Economie que l’on n’a fait jusqu’a present par le sieur Panseron—chez l’Auteur Rue des Maçons 1 l.t. 4 s. 2º Histoire japonaise de Tangai et de Neardané par Crebillon fils. 3º Une pinte des plus beaux Marrons de Lyons—pour planter. Tout cela peut etre mis dans une petite boiette, et si elle est bien distinctement addressée elle me parviendra sans difficulté mais il sera toujours prudent que Je reçoive une Lettre d’avis par la meme Occasion.

Mon Ayeul n’a reçu que les 5. premiers Volumes du Dict. d’Agric. de l’Abbé Rozier il desireroit avoir la suite—ainsi que la Bibliotheque Physico-Economique depuis l’an 1785 et ce qui a paru depuis la derniere Envoye que vous ou M. Grand lui a fait des Memoires des Chinois. Pour ce qui regarde mes Commissions les 69 l.t. que vous avez a Moi seront peutetre assez—sinon vous vous addresserez a M. Grand ainsi que pour ce que vous debourserez pour mon Ayeul.

Nous avons reçu le vin de Cahusac qui est fort bon mais il faut que celle dans les Caisses ait été mis en Bouteille dans un tems defavorable attendu que, un tiers des bouteilles etoit cassé ou vuides, les Bouchons etant partis. Celui en Futaille a un peu perdue en quantité, mais rien en comparison de celui en Bouteille. Le Vin est en general bien gouté ici, mais il faut du tems pour changer le Gout de nos buveurs de Madere, et de Bordeaux.

Je me suis informé de plusieurs Personnes au sujet de M. Bourgoin, dont vous desirez avoir des Nouvelles, mais jusqu’a present Je n’ainpu savoir s’il est arrivé en Amerique. Nous avions a Philadelphie plusieurs François, entre autres un M. De Terriere, qui connoit tout le monde a Passy et Je me rapelle de l’avoir vu chez Madame Filleul, mais Je crois qu’il portoit alors un autre Nom. Il a la croix de St. Louis, et on dit qu’il a été Prévot de Marechaux de France: c’est un homme d’environs 40 a 45 Ans d’une Figure agréable, et il me paroit ce qu’on appelle en France bonne Enfant. Donnez moi un peu son Histoire—il parle de s’etablir aux Environs de Philadelphie et d’y faire venir sa Femme de Paris. Il est arrivé en Amerique avec M. De St. Try et M. Brissot de Warville.

Notre nouveau Gouvernement va toujours son train—plusieurs Etats ont elu leurs Senateurs, le Peuple doivent elir leur Representatives dans peu—c’est au Mois de Mars prochain qu’ils doivent s’assembler. Il n’y a qu’une Voix pour le President General—L’Ilustre Washington! a l’égard du Vice President les avis sont partagés entre le Genl. Knox, Messieurs Hancock, Adams, etc.

Mon Ayeul ayant servi ses trois Ans, comme President de cet Etat—on a elu a sa Place le Genl. Mifflin. Mon Ayeul s’appelle actuelment un Free-man et Je crois qu’il seroit difficile de l’engager a changer cet Etat. Il paroit on ne peut pas plus content de jouir de la Liberté et du Repos. Il est mainetenant occupé a ecrire la suite de sa Vie, que vous avez desirez avec tant d’empressement. Sa Santé se retablit tous les Jours. Adieu mon Ami rapellez moi au souvenir de tous nos Amis communs et dites mille choses tendre pour moi a toute votre Famille. J’ecris a M. votre Fils

W.T.F.

Endorsed: recue le 20 fevr. 1789
644320 = 046-u131.html