William Temple Franklin to Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Philadelphie le 22 Mai 1790

Vous aurez deja appris mon cher Ami, la perte que vous, et moi, et tout le monde a essuiez dans la mort de ce bon et aimable Papa! Quoique nous l’attendions depuis long tems, ell[e] ne nous a pas moins choquée lorsqu’elle est arrivée.—Il vous aimoit bien tendrement, ainsi que toute votre Famille—et Je ne doute pas que vous ne partagerez mes justes Douleurs.

Je comptois vous ecrire les details de sa Mort, par M. De Chaumont, mais l’occupation qu’elle me donne pour l’Arrangement de ses Affaires et surtout de ses Papiers, m’en ont empeché, et m’empeche meme a present de repondre a vos dernieres Lettres, ainsi qu’a celle que Mlle votre Fille a bien voulu m’ecrire, en m’envoyant de son ouvrage.

J’ai été on ne peu pas plus touché de cette marque de sa Condescendance et de son Amitié, et Je vous prie de lui en temoigner ma Reconaissance, en attendant que J’ai l’honneur de lui ecrire, qui sera certainement par la premiere Occasion pour France. Tout Parresseux que Je suis pour ecrire, sa bonté m’eveillera.

Cette Lettre vous arrivera par la Voie d’Angleterre. J’ai cru devoir profiter de cette Occasion pour vous apprendre que mon Ayeul, entre d’autres Legs, m’a laissé toutes ses Papiers et Manuscrits, avec la permission d’en tirer tout le Profit qu’il sera en mon pouvoir. En consequence Je vous prie très Instament, mon cher Ami, de ne pas montrer a qui que ce soit Cette partie de sa Vie qu’il vous a envoyée il y a quelque tems; attendu que quelqu’un pourroit en tirer Copie, et la publier, ce qui nuiroit infiniment à la Publication que Je compte faire, aussitot qu’il sera possible, de sa vie entiere, et de ses autres Ouvrages. Comme J’ai l’Original ici de la partie que vous avez, il ne sera pas necessaire de me l’envoyer, mais Je vous prie toutefois, de la mettre sous Envellope bien cachettée, et a mon Addresse: pour qu’en Cas d’Accident elle ne passe pas en d’autres Mains. Si cependant elle est necessaire pour assister celui qui doit faire son Eloge a l’Academie—vous pouvez la preter pour cela—avec stipulation qu’on n’en prendra pas Copie—et d’autres Precaution qui vous paroitront necessaires.

On n’a pas encore nommé aux Emplois en Europe—il est possible que J’en aurai un, ce qui me méttroit a meme d’assister a la publication des Ouvrages complettes de mon Ayeul,—mais Quand meme on ne pense pas a moi, il est très probable que Je me résous de faire le Voyage d’Europe, attendu que Je suis bien persuadé, d’en tirer plus de Benefice de la Publication en le faisant en Angleterre ou en France que dans ce Pays cy.

Adieu pour cette fois. Dans deux ou trois semaines J’espere pouvoir vous écrire directement, ainsi qu’a mes autres Amis, et Amies, en France.

Aimez moi mon cher Ami, J’ai plus que Jamais besoin de votre Amitié

W. T. Franklin

p.s. Incluse vous trouverez un Esquisse du Caractere du Dr. Franklin—c’est ce qui a paru de mieux sur ce Sujet dans nos Gazettes—Et Je vous prie de le faire bien traduire et de le donner à M. le M[arqu]is de Condorcet, ou a celui qui se charge de son Eloge a l’Academie.—La Societé Philosophique ici prepare une Eloge de lui en ce Moment que Je vous enverrez lorsquil sera imprimé—mais cela ne sera vraisemblablement que dans deux ou trois mois.
Addressed: A Monsieur / Monsieur Le Veillard / aux Nouvelles Eaux / à Passy près Paris
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