From — Blanchard (unpublished)
Monsieur

L’autheur d’un mémoire, qui vous fut adressé, par la petite poste, il y a cinq ou six jours, et qui étoit signé du même nom que cette lettre, ce même infortuné, après s’être encore livré bien des combats, depuis l’envoi du dit mémoire, pour se résoudre à entreprendre de se présenter à vous, effectue enfin aujourd’hui cette résolution, quoiqu’encore avec mille perplexités; et vous conjure, pour ainsi dire, à mains jointes, de ne pas vous dispenser de daigner le recevoir quelques minutes. Comme au reste Monsieur, rien n’est moins douteux que Vous ressentiriez une peine réelle de ne m’être d’aucun secours, aussi semble-t-il infaillible que vous desireriez d’autant plus m’adoucir l’affliction de ce Succès contraire; et à quoi rien ne seroit si propre, au monde, que cette permission que je prends la liberté de vous demander, parcequ’il est probable que vous me l’octroieriez, qu’autant que je n’aurois pas paru vil à vos yeux, et que, de plus, les signes de déplaisir que vous daigneriez me donner de n’apporter aucun remede à mes extrêmités, me deviendroient toujours garants que vous en auriez été touché, et que je puis encore esperer de retrouver, dans quelques autres grands coeurs, la même sensibilité, et avec plus de pouvoir d’en suivre les mouvements; au lieu que votre refus de m’admettre devant Vous, me donneroit bien lieu d’apprehender que mon excessive confiance ne vous eût scandalisé, et à plus forte raison déplu, et qu’en considérant que je n’aurois pu avoir le bonheur de vous inspirer aucun intérêt, j’en tirerai le trop funeste augure de ne pouvoir mieux réussir désormais auprés de qui que ce fût. Ainsi Monsieur, au nom du ciel, mille fois, octroyez-moi la donc cette permission de parroitre devant vous, afin que je ne m’en retourne pas annéanti d’un surcroît de confusion et de douleur: Mais, dans tous les cas néanmoins, veuillez, veuillez toujours aggrées le tribut renouvellé de tous les sentiments exprimés dans mon mémoire, surtout du très profond et très affectueux respect, avec lequel j’ai l’honneur d’être Monsieur Votre plus humble et plus obeissant serviteur

blanchard

Addressed: A Monsieur / Monsieur Francklin / Ministre des Etats-unis de l’amérique, en france / a Passy
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