Je profite avec bien du plaisir de l’occasion favorable que j’ai de vous écrire, pour vous apprendre combien ce que vous avez bien voulu dire d’obligeant sur mes recherches sur la Marine a influé sur l’attention qu’on y a donnée. J’ai fait faire, aidé de souscripteurs dont quelques uns sont de 1er ordre, comme Le Roi, l’Archeveque de Toulouse, le Duc d’Harcourt, Le Naupotame que j’ai décrit dans la premiere lettre que je vous ai addressée. Je viens d’en faire dans la manche les epreuves et elles ont été aussi complettes sous tous les rapports qu’il etoit possible de le desirer, et bien plus satisfaisantes que je n’osois l’esperer. Demain je compte m’embarquer dessus pour me rendre a Paris et ainsi j’aurai comp[lété] toutes les epreuves qui peuvent constater les proprietes que doit avoir ce nouveau Genre de vaisseau.

Je suis sur à présent, comme de mon existence, qu’on peut faire des vaisseaux qui remontent à Paris et qui portent depuis 50 jusqu’a 150 tonneaux, et qui aillent a Philadelphie.

La voilure que j’ai imaginée est tellement simplifiée et perfectionnée qu’elle est j’ose le dire applicable sur tous les vaisseaux d’une maniere plus ou moins generale et je ne doutes point qu’une nation ou les nations qui composent les etats unis de l’Amerique qui s’affranchissent autant qu’ils le peuvent de tous les prejugés n’en fissent un grand usage s’ils la connoissoient. Si ma Lettre vous etant parvenue, quelqu’un de votre connoissance veut envoyer un vaisseau, grand ou petit à Rouen ou au Havre dans l’été prochain, je m’engage a y faire arranger une nouvelle voilure latine et le ferai avec grand plaisir. Recevez l’assurance de mon respect et de mon entier devouement. Votre tres humble et tres obeissant serviteur