Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
St. G…ce 28 decembre 1787

Voici sans doute mon bon ami la derniere fois que je vous écrirai jusqu’apres mes couches. Je compte n’avoir plus qu’une quinzaine de jours encore à porter le fardeau: ma santé est fort bonne, et j’espere que ma nourriture réussira.

Je ne reçois pas de vos nouvelles. J’avoue que je ne conçois rien à un si l’ong retard, les voisin n’a pas de lettre non plus mais cela ne m’ote pas mes inquiétudes, j’espére pourtant que vous n’avez pas oublyé ce bon pays de france? Et ses habitans vous seriez bien ingrat! C’est ce que je ne puis me persuader oh je vous prie soyez bien éxacte à saisire toutes les occasions d’ecrire.

Je n’ai rien de nouveau à vous mander, rien n’a changé dans la société depuis ma derniere lettre, je suis lasse de vous dire que rien ne change non plus dans man maniere de vivre, toujours les mêmes connoissenses, les mêmes petits soupers, j’en donne aussi quelque fois, et avec d’autant plus de plaisir que ma petite maison, est tenue avec la plus grande propreté, mes amis semblent y venir avec emprêssement et s’y amuser, on n’y trouve ni luxe ni magnificence, à la place beaucoup de simplicité, qui réussi presque toujours, en verité mon cher f…relativement à mes gouts, j’etois née pour habiter votre pays.

Bé…me dit tous les jours que vous n’êtes pas reconnoissable dans votre maniere de vivre, il le sait vraisemblablement par votre cousin, bon dieu! que je voudrois vous voir! républiqain campagnard au lieu d’élégant d’opera, mon coeur vous aimera sous telles formes que vous soyez, j’avoue pourtant qu’il pencheroit pour les plus sages: mon amour propre y troveroit son compte, il faut avouer que nous autres femmes, avons une grande obligation à nos amis quand ils se conduisent de maniere à meriter l’estime publique. De ce coté mon bon ami, vous ne me laissé rien à désirer, ou la renomée seroit bien trompeuse, mais je suis assez heureuse pour ne pas même douter que la chere bavarde n’ait la plus Grande raison à votre égard.

Il faut que je vous dise que mon état fait le plus Grand plaisir à C.…Je crois qu’il espere que cela me consolera de la perte de mon pauvre petit dernier, moi je ne le crois pas, un autre n’est pas le même.

J’espere vous écrire aussitot que mes forces me le permettron, j’espere aussi me bien tirer de cette couche, mais les precaution, sont toujours néccesaire, en cas d’accident votre argent et la petite boëtte verte seront remise entre les mains du voisin par la bonne le même ou par Mi.…Je ne vous recommande pas mon bon ami de garder de moi un étérnél souvenir, souvenir je ne vous fais pas cette injustice, croyez que de ma part mes derniers voeux, mes derniers sentimens seront pour votre bonheur et que…mais comme il y a beaucoup d’apparance que rien de fâcheuse ne m’arrivera je crois fort inutile de vous affliger par des idées triste, changeons de conversation. Je vous dirai mon ami que je suis dans la plus grande inquietude, relativement a la santé de notre chere voisin, on dit qu’elle devient tous les jours plus mauvaise, je lui ai trop d’obligation pour n’en avoir pas un veritable chagrin, il met tant de grace à ce qu’il fait pour nous, tant d’éxactitude, que sans le voir, mon attachement pour lui devient tous les jours plus sincere et plus vif. La précaution que je prends, dans ce moment est bien triste pour mon coeur mais je la crois néccesaire vu le si Grand elloignement ou nous sommes, c’est mon chere f de mettre sure l’a déssus de vos lettres. L’adresse de la femme de M ... je n’ai pas besoin de vous dire combien il est important que si elles tomboient entres d’autres mains que celles de notre pauvres voisins, elle n’arrivent pas directement ches moi. J’espere que ma précaution est un éxcés de prudence, inutile sans doute mais peut on en avoir trop quand il s’agit du repos de la vie, ce pauvre voisin! lui qui paroissoit si bien constit[ué] attaqué d’une maladie de langueur, on dit qu’il est d’un changement affreux, je ne puis vous exprimer à quel point cela me fait de la peine, j’espere pourtant en sa force.

Adieu mon bien bon ami je vous embrasse de tout mon coeur car c’est notre jour de l’an que vous avez peut être oublyé en voila tant que vous passez loin de nous, parti en 85 nous voila en 88. Vous ne deviez rester que six mois, bon dieu! Que les événemens de cette courte vie sont differens de ceux que ces pauvres humains arrangent dans leur chétives têtes adieu je vous souhaite bonheur et santé. N’oubliyé pas trop le passé, pas plus que moi, il fait encore pour mon coeur, le bonheur du present—Adieu adieu adieu

Addressed: A Monsieur / Monsieur Franklin le / petit fils / A philadelphie
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