To Anne-Catherine de Ligniville Helvétius (unpublished)
à Philadelphia, ce 20 Octobre 1785

Hier étoit Mercredi. A dix heures de Matin, j’ai pensé de vous, de votre Maison, de votre Table, de vos Amis, etc. A cette heure, ai je dit, ils sont tous a diner, M. le Roy, M. Hennin, l’Abbés de la Roche et Morellet, M. Cabbanis, peutetre quelques-unes des petites Etoiles. Madame sert a toute La Compagnie, avec autant de Facilité que de Plaisir.—Mais, helas, je n’etois pas là, pour participer les jolis Propos de bons Sens, de l’Esprit, et d’Amitié, avec lesquelles ses Repas sont toujours assaisonées!

Vous aurez Plaisir de sçavoir que je suis ici en bon Santé, et heureux dans le Sein de ma Famille. Mais j’ai manqué de trouver le Repos que j’esperois; car on m’a saisit pour me faire Gouverneur, et j’ai eu la Foiblesse de consentir; ainsi me voilà aussi occupé que jamais.—Si je peux faire du bien pour mon Peuple, cela me consolera. Autrement je souhaiterai que j’avois acceptois votre Invitation amicale, de passer le reste de mes jours chez vous.

Adieu, ma chere Amie, aimez moi toujours, comme je vous aime. Embrassez pour moi tous mes Amis de votre Cercle et me croyez toujours attaché a vous avec les Liens de plus forte Affection.

Addressed: A Madame / Madame Helvetius / à Auteuil
Grand
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