The Chevalier O'Gorman to ——— and the Marquis de Castries (unpublished)

No. 1.

Memoire

Le chevalier O’Gorman fixé à Paris depuis 33 ans, Naturasé francois & reconnu noble d’extraction de nom et d’armes, ayant eu l’honneur d’être proche parent de feu M. Le Marechal de Thomond et de Monsieur Le Vice-Amiral de Macnemara, a Saisi avec empressmt. les Circonstances qui Se Sont presentées de donner à la France devenue aujourd’hui Sa patrie des preuves de Son Zéle et de Son attachement.

Son mariage avec Mademoiselle D’Eon, trois Garçons qui en ont eté le fruit, dont l’ainé, qui a eté Page du Roi à Sa petite Ecurie pendant quatre ans, est à present Lieutenant en pied au Regiment de Walsh Irlandois de Service depuis le Commencement de Cette guerre aux Indes occidentales; Le Second est garde de la Marine en longues Courses pour le Service de Sa Majesté, et le troisieme postulant pour etre reçu Aspirant Garde de la Marine. Le pere est aussi Capitaine à la suite du Regiment de Walsh. Toutes Ces Considerations doivent le faire regarder comme un francois qui n’a à coeur que la gloire de son Roi et l’amour de Sa patrie.

Les liaisons formées entre la france et les Etats unis de l’Amerique ont pour objet principal un Commerce reciproque entre les deux puissances. Ce Commerce Necessite de la part de ces deux puissances l’etablissmt, dans les lieux principaux, des Consuls pour proteger et pour maintenir les privileges des Sujets qui l’entreprendront.

Le Chevalier O’Gorman lié depuis très longtems avec M. Franklin, ayant des Connoissances dans la Politique et le droit des gens, ainsi que des lumieres Suffisantes Sur la partie du Commerce, parlant plusieurs langues, et Surtout celles usitées dans les Etats des provinces Unies, Se flatte que Son Sejour à Philadelphie en qualité de Consul general Seroit utile à la france; en Consequence il Supplie Monseigneur le Marquis de Castries de vouloir bien lui accorder l’agrement de Celui de Philadelphie oÿ il Le rendra aussitôt que le Ministre y jugera Sa presence Necessaire.

Il prend la liberté de Soumettre au jugement de Monseigneur le Marquis de Castries les observations Suivantes comme autant de motifs propres à le decider dans le choix du Consul general de france à Philadelphie.

Il regne parmi les habitants des Etats unis de L’Amerique un esprit divisé sous la denomination de Whiggs et de Torys; Les Torys (partis Royalistes) Soutiendront Secretement les interêts de l’Angleterre; ils y Seront excités par les emissaires Anglois, et par l’or qu’ils repandront.

Il est interessant pour la france ainsi que pour les Etats unis de detruire Ces prejugés et d’operer une Coalition de tous ses membres. Il importe à la france d’Etablir et de Maintenir une preponderance dans leurs Conseils, et Surtout de S’attacher le peuple Commerçant.

La droiture et la probité des negociants françois se manifestera par la qualité et le choix des marchandises qu’ils enverront en Amerique, et on peut presumer que Sur les objets manufacturés ils auront un Avantage Sur Ceux d’Angleterre de dix pour Cent au moins, benefice plus que Suffisant pour leur assurer la preference.

Le chevalier O’Gorman possedant parfaitement la Langue du pays, lié avec la Majeure partie des familles Irlandoises tant Catholiques que protestantes qui Sont les principales de Philadelphie, du Mariland et de la Virginie, et avec l’esprit conciliateur et pacificateur dont il est doué, se flatte de pouvoir contribuer plus qu’aucun françois aux interêts de la France dans ces Regions, non seulement pour la partie du Commerce, mais aussi pour la partie Poliitique, dans laquelle il espere rendre, peutêtre, autant de Services qu’un Ambassadeur, Si on le Met à même de faire usage de Ses talens./.

Le Chevalier O’Gorman
proche la fontaine rue de
Grenelle f.b. st. Germain

No. 2

Obervations Secondaires pour Monseigneur Le Marquis de Castries Ministre & Secretaire d’Etat du Department de la Marine. ___________________________

Le chevalier O’Gorman depuis Son mariage avec Mademoiselle D’Eon en 1757 a Constamment visé à un bon Consulat et en Consequence S’est mis au fait de tout Ce qui regarde un Consul eclairé.

En 1761 M. Le Duc de Praslin lui promet, à la requête de M. Le Marechal de Thomond alors Commandant de la Province de Languedoc, le premier bon Consulat qui viendroit à vaquer. La mort du Marechal arrivée bientôt après, et les demêlés de Mademoiselle La Chevaliere D’Eon avec MM. Le Duc de Praslin et le Comte de Guerchy l’ont frustré dans Ses esperances. Cependant il n’a pas Cessé depuis de travailler dans la Politique Sur les matieres les plus secretes et les plus epineuses Sous les auspices de Sa belle Soeur à Londres, oÿ il s’est instruit non seulement de la Consititution Angloise dans toute Son etendue, mais aussi de toutes Les parties des finances et du Commerce de Ce Royaume. Il a meme par devers lui tous les jugements qui Sont emanés des differens tribunaux d’Angleterre Sur les points les plus Compliqués de Ce Commerce.

Il a differé Ses pretentions et a resté dans l’expectative jusqu’à ce que le Sort de Mademoiselle La Chevaliere D’Eon, sa belle Soeur, fut decidé par son rappel en france en 1777. Alors il S’est trouvé en Irlande parti pour le service du Roi, parti pour ses propres affaires. A son retour en France M. Le Comte de Broglie, temoin de Ses services politiques et Secrets envers le feu Roi Louis XV., a bien voulu s’interresser aupres de M. de Sartine pour lui faire accorder le Consulat de Philadelphie. Ce Ministre repondit par ecrit tant à M. Le Comte de Broglie qu’au Sieur O’Gorman que le Roi venoit d’en disposer, et qu’il Saisiroit la premiere bonne occasion pour employer les talens de M. O’Gorman.

Cette occasion Se presente aujourd’hui par le rappel de M. Holker, qui remplissoit à Philadelphie le poste de Consul general de france auprés des Etats unis de l’amerique.

Le Chevalier O’Gorman ose Se flatter, Sans vanité, que le Ministre ne pourra que faire un bon choix en le nommant à Ce poste. Il ose encore avancer que Monseigneur Le Comte de Vergennes, connoissant depuis Son Ministere le Zéle et la Capacité du Sieur O’Gorman, donnera, pour peu qu’il Soit Consulté, Son aveù en Sa faveur, et que M. Franklin Ne Sera pas Contraire au Choix que Monseigneur Le Marquis de Castries pourra faire du Sieur O’Gorman pour remplir la place qu’il demande./.

Le Chevr. O’Gorman

Pour la place de Consul general de France aupres des Etats unis de l’Amerique à Philadelphie [Enclosed is a calling card:] Le Chevalier D’Eon et Mr. ô Gorman
635316 = 033-491a003.html