From ———: Observations Sur l’origine de la Guerre Civile des Colonies Américaines (unpublished)

Observations Sur l’origine de la Guerre Civile des Colonies Américaines..

L’Angleterre, courbée sous le poids de ses lauriers et d’une dette nationale de 148 million Sterlings, s’appercût dès l’année 1763 qu’elle ne pouvoit satisfaire aux paiement des interêts et aux remboursemens des Capitaux de cette énorme dette par les seules impositions dont étoit susceptible la population de 6 à 7 millions d’habitans de l’Angleterre proprement dite; on sait que l’Irlande ne contribue en rien a la charge de la dette nationale, et que l’Ecosse ne suporte qu’une très petite portion des taxes dont tous le fardeau porte sur le seul Peuple d’Angleterre.

Georges Greenwille Premier Lord de la Tresorerie Ministre très éclairé sur la situation des finances de la Grande Bretagne, mais mal intruis de celle des Peuples de l’Amérique et deleurs dispositions, tenta en 1761 de rejetter sur les Américains une partie du fardeau qui accabloit la culture et les manufactuers de la Metropole. Il entrevoioit dans une Population qui doubloit tous les 25 ans des moiens de libération et de soulagement pour la nation angloise. L’Acte du Timbre qui ne portoit qu’une imposition de 160 mille livres Sterlings à lever sur toutes les Colonies ne lui parut pas devoir les allarmer. Les Américains plus éclairés sur leur position que le Ministre Anglois dont ils pénétrerent les vices, ne virent dans cette premiere tentative que les conséquences éloignées qui les menacoient. Ils se refuserent à une taxe interne et directe comme illegale. Ils reclamerent les principes de la Constitution Britannique et les droits dont ils avoient toujours jouit en vertu de leurs Chartres. La Convocation d’un Congrès general dont l’Assemblée fut indiquée à Newyorck, jetta l’allarme et la division dans le Conseil Britannique. Le Ministere du Parti Rockingham qui avoit au milieu de ces troubles naissans remplacé celui du Parti Bedford, se determina pour les appaiser à faire revoquer en 1766 l’Acte du Timbre qui les avoit occasionnés; mais cet Acte de révocation fut accompagné en même tems de l’Acte Déclaratoire par lequel le Parlement se reservoit ou plutôt s’arrogeoit le droit de taxer directement les Colonies, et de les lier dans tous les cas quelconques, par les doix émanées du corps Législatif de la Metropole. Le renversement du Ministere passager du Parti Rockingham laissa aux ministeres qui lui succederent les moiens de reprendre le projèt de taxer l’Amérique en vertu de l’Acte déclaratoire toujours subsistans.

Le Parti Ecossois dont le Lord Tute étoit le chef invisible et le Lord mansfield le chef déclaré entretinrent le Roi dans le Systeme, et le flatterent de la possibilité d’assujettér l’Amérique à une taxe Parlementaire. On a vû ce Systeme adopté et repris Successivement par tous les Ministeres qui ont gouverné l’Angleterre depuis 1766. Le Celebre Agent des Colonies résident à Londres avoit acquis par les liaisons qu’il avoit avec les différens partis la connoissance certaine de l’existence de ce projét déterminé et arrêté dans le Cabinet du Roi depuis 1762. Son éxécution suspendue en apparence par le révocation de l’Acte du Timbre en 1766 ne tarda pas à écclater. Charter Townshend Premier Lord de la Tresorerie tenta denouveau dès l’année 1767 de taxer directement l’Amérique par les Actes du Parlement qui établissoient des impots sur six différens articles de consommation intérieure dans le nombre desquels se trouvoit compris l’Acte de l’impot sur le thé.

Les Colonies ne songerent encore qu’à opposer une résistance passive aux imprudentes demarches du Ministere et de la nation Angloise. On vit se former l’association generale des Colonies qui produisit la résolution unanime de n’admettre aucunes Manufactures de la Métropole jusqu’à l’entiere révocation de tous les actes et jusqu’au redressement de tous les griefs dont elles avoient à se plaindre. Le ministere qui succeda à Charles Townshend tacha vainement de de jetter la division parmi les différentes Provinces d’Amérique. Il parvint cependant en 1769 à détacher la Nouvelle Yorck de l’association generale mais ce ne fut que sur l’assurance formelle que le Gouvernement révoqueroit tous les actes hors celui de l’impot sur le thé qu’on ne laisseroit subsister que nominalement, sans jamais le mettre en éxécution. Les Colonies se prêterent ou feignirent de se prêter à cet arrangement qui ne pouvoit inspiré aucune confiance dans les engagemens du Gouvernement. Les Colonies n’ont jamais voulu admettre ni reconnoitre l’Acte déclaratoire par lequel l’orgueil de la Nation, la Jurisdiction du Parlement et l’autorité du Roi se [croivient?] à couvert.

C’est dans ces cironstances dont on vient de raprocher les faits par un exposé exact, que le Gouvernement fis écrire en 1769 par un Ecossois nommé Strahan au Docteur Franklin la Lettre suivante dont la traduction n’avoit encore paru dans aucun écris public. Lec 7 Questions qu’elle renferme, la netteté, la verité des réponses de cet Agent éclairé des Colonies, la profondeur des réflexions qui terminent sa lettre font autant d’honneur à sa prévoiance qu’elles laissent d’étonnement sur l’inconcevable aveuglement du Gouvernement Britannique.

On a vu s’accomplir successivement les prédictions renfermées dans cette lettre écrite en 1769. On a vu le Ministere Anglois reprendre en 1774 après quatre années d’une tranquilité aparente un Projét absurde dans le principe et que l’accroissement de population des Colonies rendois chaque jour plus inéxécutable. Les Ministres Anglois n’ont évité aucune des fautes annoncées et prévues; Les dissolutions des Assemblées Provinciales, la révocation et l’annullement des Chartres ont été suivies des mesures violentes et hostiles qu’elles devoient nécéssairement amener. On verra bientôt la fin de cette grande et imprudent contestation que ne peut plus se terminer que par l’indépendance de l’Amérique.

626656 = 021-414a001.html