From John Diot (unpublished)
Morlaix Le 18 Juillet 1783.
Monseigneur

Je prends la respectueuse liberté de Representer à Votre Grandeur, que depuis quatre ans que je suis etabli en cette Ville, j’au eû, pendant les derniêres années de la Guerre des occasions Très fréquentes d’être Utile aux Sujets des Etats Unis de L’Amerique, en en embarquant un grand nombre, tant comme officiers que comme matelots, à bord des corsaires que j’ai armés en ce port, et de ceux sans nombre qui m’y etaient consignés, et c’est ce que je pourrais prouver, s’il etait nécessaire, par L’attestation du commissaire de la Marine en ce port. Ma prédilection pour les Sujets Amériquains ne leur a pas été inéfficace, puisqu’en les employant de prefferrence, j’ai procuré des Secours à des matelots, le plus souvent denués de pain et de Ressources pour s’en procurer, surtout, à leur retour icy des prisons d’Angleterre.

Ces secours que je leur ai si fréquemment portés, aux depens même de ma fortune, m’enhardissent aujourd’huy à faire à Vôtre Grandeur, la respectueuse demande de la place de Vice-Consul à Morlaix des Etats Unis de L’Amerique que ma facilité à parler et ecrire couramment l’anglais, dont mon sejour pendant quelqu’années en Irlande m’a donné L’habitude, (avantage dont je jouis presque seul en cette Ville) me Rend susceptible de remplir mieux que qui que ce soit icy, oû il n’y a pas d’agent n’y Vice-Consul amériquain attitré, la personne qui en remplit les fonctions, et qui ne parle pas L’anglais, n’etant que le Représentant d’une autre qui a quitté cette Ville Il y a Trois ans pour faillitte.

J’ose esperer que ces considérations porteront Vôtre Grandeur à m’accorder L’obtention d’une place, plus honorifique que lucrative, Raison qui doit Vous persuader, Monseigneur, que ce n’est pas l’interêt qui me porte à Vous en faire la demande, mais bien le desir d’avoir de nouvelles occasions de rendre aux sujets des Etats Unis de L’Amérique tous les services et les bons offices, dont mon Zêle précédent et actuel pour eux, me rend susceptible.

J’espêre, de Vôtre Equité et de votre Bienveillance, que ma demande auprès de Vôtre Grandeur ne sera pas Infructueuse. Je suis, Monseigneur, avec un très profond Respect de Vôtre Grandeur Le très humble et Très obéissant Serviteur

Jn. Diot

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