Depuis cinq Couriers, on ne reçoit aucune nouvelle de Brest et l’on ignore absolument ce qui S’y passe. Mais en même tems on sait que les Régiments de Bourbonnois, Soissonois, Neustrie, Saintonge, anhalt et Royal-Deux ponts (on nomme encore Boulonnois et Royal Corse) ont reçu ordre de se tenir prèts à S’embarquer. Le Commandement de ce Corps de Troupes est donné, dit-on, à M. de Rochambeau, mais Sa destination est tres inconnue. Jusqu’à présent l’Escadre destinée à le convoyer n’étoit que de six Vaisseaux; on dit qu’elle sera renforcée de six autres et que le tout Sera aux ordres de mr. du Chaffaut. On part [parle] du départ vrai ou faux de ce Général pour donner le Commandement de l’armée navale à M le Cte. d’Estaing. On parle encore d’une Escadre de trois Vaisseaux confiée à M de Bougainville, et M de la Clocheterie doit en commander deux autres pour des expéditions Séparées et Secretes.

Si l’on ignore ce qui Se passe dans nos ports, on n’est pas plus instruit des opérations des Espagnols. On sait Seulement que l’amiral Rodney appareilloit dans la Baye de Gibraltar, le 13 fevrier à 5. h. ½ du soir, et que le 15. à la même heure la flotte Espagnole faisoit des dispositions dans la rade de Cadix pour mettre à la voile; on la dit à la mer et depuis trois semaines on n’a de nouvelles ni des uns ni des autres.

M. franklin a eu des nouvelles de Boston. Deux armateurs américains ont pris Sept batimens chargés de vivres et de munitions de guerre et un Sloop de guerre qui les escortoit. Ce Convoi alloit de hallifax à Penobscot.

M de la fayette devoit partir hier matin: il S’embarque, dit-on, Sur la frégate l’hermione et porte l’habillement et l’armement complet de 4000 hommes.

Le Roi vient de faire dans l’armée de terre une promotion considérable d’officiers Généraux et de Brigadiers./.