From — O’Cahill (unpublished)
à Strasbourg le 4ieme Septembre 1777
Monsieur!

L’accueil que Vous avez la bonté de faire à tous ceux qui ont le zèle du service du Venerable Congrès me fait prendre la liberté de Vous presenter cette supplique qui ne contient que la plus exacte verité; et pour laquelle si bien que pour ma conduite Mr. le Major de Pirch qui est actuellement à Nancÿ, en Guarnison, qui me connoit, repondra.

Je suis originaire d’Irlande d’une famille noble et ancienne. J’ai eté elevé à la cour de Prusse en qualité de Page de la Reine et je suis entré, au sortie de cette education, dans les Troupes de Sa Majesté Prussienne où j’ai servi huit ans. Je m’etois avancé jusqu’au grade de Lieutenant et de premier Aide-Major qu’on appelle en Prusse Adjudant dans un Regiment d’Infanterie, en cette qualité. J’avois plus d’occasion qu’un autre d’apprendre l’art militaire dans sa perfection, aÿant reçû les dispositions pour les manoeuvres de la premiere main et de dessiner les plans pour les Officiers Generaux.

J’avois donc tout lieu d’esperer un avancement dans ces Troupes, mais j’avois un demelé avec un Major, qui donna lieu à ma demission.

Comme je suis d’une parfaite santé et que je n’ai que 30. ans le service militaire a toujours fixé mes inclinations. J’ai envisagé le militaire de Vos Colonies comme celui où je devois chercher par preference et par rapport de la guerre un etat. Je sollicite donc auprès de Vous Monsieur une place d’Officier, je Vous en supplie d’autant plus, que je desire de sacrifier de grand coeur mon repos et ma vie pour les interest et pour la gloire de Vos illustre Colonies. J’espere que ma conduite (de laquelle j’ai les meilleurs certificats) répondra aux bontés dont il Vous plaira de m’honorer, outre cela puisque je parle parfaitement bien l’allemand, passablement l’anglois, le françois et un peu italien, je me flatte, pourtant sans me glorifier d’être si heureux et de rendre des bons services. Je me livre sans réserve a tout ce qu’il vous plaira ordonner de moi. Je vous supplie de m’honorer d’une reponse favorable où je me rendrai alors promptement à Parris.

Je suis avec le plus profond respect Monsieur Vôtre tres humble et tres obeïssant serviteur

O’Cahill
Gentilhome Irlandois demeurant
dans la maison de Mr. Chapie ruë
de la Magdeleine.
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