Copie d’un Billet écrit par Mde La Douairiere des Deux-ponts,
en date du 6e fevrier.
Vous nous avés envoyé, mon bon ami, d’Excellentes nouvelles
d’amérique. Vous en recevrés de meilleures de ma Situation; ma
nuit a été supportable, et mon oppression est presque passée. On
me gronderoit, si je vous en écrivois davantage; ainsi je vous
quitte, en vous renouvellant, etc.
La maladie est une fievre bilieuse: Mr. de fontenet qui m’écrit
de la même date, me mande que les médecins assurent qu’il n’y a
rien à craindre pour les jours de notre respectable amie: mais
peut-on se fier aux médecins! J’aurai des nouvelles demain au
soir, et je vous les communiquerai sur le champ. Vous devés juger
de l’état dans lequel je suis. Si je ne vous en ai rien dit, c’est
que je ne veux affliger personne et surtout celles que j’aime.
Je crois de reste à la Fermentation qui doit regner dans le
parlement d’angleterre; mais si l’on a des nouvelles directes de
l’inde aussi bonnes que celles que l’on m’a envoyées, pourquoi les
taire! Je n’entends rien à cette réticence; dieu veuille qu’elles
se confirment!
On parle d’une trêve entre les puissances belligerentes:je n’en
veux point; la guerre a toute outrance, ou une paix fondée sur le
droit des nations. Suivant une Lettre de Dunkerque du 8e, la
veille Le chr. yorke s’étoit embarqué pour l’angleterre. Je vais
mander à notre amie l’attention que vous avés eue, ainsi que Mr.
votre pere que j’assure de ma tendre vénération, d’envoyer
demander de ses nouvelles.
Bonsoir, monsieur, je vous embrasse de tout mon coeur.
Dimanche, 11e fevrier 1781. 9h. ½ du Soir.