Un Vaisseau est arrivé mon ami, je n’ai point recue de lettre de vous, heureusement que Bé…a eu de vos nouvelles par votre cousin, qui lui a écrit qui vous vous portiez bien. Je suis donc tres heureusement persuadée que votre silence à toute une autre cause qu’une fievre, où une mauvaise santé. Je rends grace à l’exactitude de votre cousin puisqu’elle me préserve de l’inquietude ou je serois sans elle. Ce bon cousin à marqué aussi à Bé…combien vous ètiez devenu agriculteur, et que vous preniez autant de plaisir à cette occupation que si vous n’aviez jamais connu l’opera et les plaisirs de paris. Helas! il seroit peut-etre plus surpris s’il ètoît bien instruit de ceux que vous aviez à pas…Pour moi je ne suis surprise de rien je connois si bien mon ami, que dans quelqu’endroit qu’il aille, je suis sure qu’il sera l’homme du lieu, à commencer depuis le gillet du palais royale jusqu’a la gibbeciere du Sauvage.
Je vous ai marqué dans ma derniere lettre que je comptois passer quelque tems chez Mor Dai…Mon voyage n’aura pas lieu Mor Dai ... est languissant et malade sa filleule est fort inquiette et fort affligée, vous savez le tendre attachement qu’elle a pour son parin. Je crois qu’elle a raison de craindre Mor Dai…se drogue baucoup, la meilleur santé ne résiste pas à cette pérnicieuse manie, à plus forte raison un homme frêle et délicat. Le pauvre Mor Br…va aussi être victime de cette maniere de se conduire, on vient de me dire qu’il est parti pour des eaux dont on ne m’a pas su dire le nom, on est persuadé qu’il n’en reviendra pas tant il ètoit malade en partant. Il n’a voulu personne de sa famille il n’a amené que trois domestiques, on dit que son départ ètoît des plus triste, et qu’il ressembloit en tout à celui de Mor Saurin en pareille occasion. Je suis sure que cet éxélent homme à augmenté son mal de baucoup en prenant sans sesse des drogues qui irritoit ses maux et ne les calmoient pas. Oh mon dieu! mon ami voyez comme cette pauvre société de pas…se détruit la seule réalité qui nous reste de ces trop aimables jours que nous y avons passés ensembles est un souvenir triste. Oh! ces heureux jours de notre plus bel âge! Ils sont donc passés? Passés pour ne plus revenir! Encore, si j’aimois l’agriculture! Mais elle ne m’interesse pas je ne puis me résoudre à donner tous me soins à bien faire venir, quoi? du bois non ce plaisir est trop froid pour la petite Blanchette. Il est une culture plus aimable pour mon coeur c’est celle de ma fille. Elle devient charmante au moral comme au phisique elle est douce attachée à sa mere et découvre tous les jours quelque qualités nouvelles vous riez mon ami? Non en verité je ne m’aveugle pas elle est on ne peut pas plus aimable mais pour ne pas me laisser aller au plaisir de trop parler d’elle je vais causer d’autres choses.
Nous partons le quinze du mois prochain pour Ver…Nous y passerons trois semaines au moins on m’y fera jouer la comedie. La premiere fois que je vous écrirai je vous dirai franchement mes succès ou ma chute ce qu’il y a de certain c’est que d’apprendre mes roles m’ennuy à mourrire.
Je vois ici la même société que l’anné passée la plus aimable pour moi est comme je vous l’ai déja dit les charmantes filles du couvent si quelque chôse pouvoit me dédomager de votre éloignement ce ceroit l’amitié qu’elles ont pour moi. J’ai eu le plaisir de leur donner à souper le jour de nöuel seul jour de l’année ou elle ne peuvent rentrer qu’a minuit, le souper fut tres gai, mais qu’il etoît loin d’etre aimable comme de certains que l’on alloit faire chez ma petite éxélence, dans sa propre chambre, qui ètoît bien parée ces jour la, ce qui ètoît bien juste, on recevoit le patriarche, de tous les hommes celui qu’oin aime le mieux! Et Madame Blanchette, de toutes les femmes celle qu’on aimoit le mieux dans ce tems la! Et à présent on l’aime encore un peu, n’est-ce pas mon ami?
Adieu my dear voici le moment de vous embrasser je le fais de tout mon coeur et je vous souhaite tant de bonheur que vous soyez le plus heureux des hommes comme vous en êtes le plus aimé. A votre tour souhaitez moi une année plus heureuse [que celle] que je viens de passer adieu