Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
ce dimanche 10/1785

Ce bon papa qui ne croit pas qu’une lettre trop afféctionée soit entierment pour lui, il a toutes les vertus il faut bien qu’il soit modeste, je suis pourtant fâchée qu’il ne me croye pas capable de l’aimer pour lui même, au surplus sa lettre m’a causé une émotion bien douce. Il me recommande d’etre heureuse, helas! Il part avec mon bonheur! “Il faut qu’il aille se coucher.” Homme vertueux et bon! Son âme est trop pure pour redouter ce moment, il ne sera térible que pour ses enfants et ses amis. Je suis toujours triste mon bon ami je ne puis me consoler de cette entre vue manquée, par votre seconde lettre (que j’ai envoyée chercher hier) je crois voir que la pluie a un peu contribué [a] vous empecher de venir, nous n’en avons eu a St.…que sur les 11 heurs. Elle m’as prise seulment en haut de la montagne, comme en sortant de chez moi j’etois bien plus occupée de vous que du tems je n’avois pas pris la précaution de me munir de parasole, ce qui fait qu’en arrivant j’avois l’air d’un petit canard, mais je n’etois que mouillée, car à la campagne, il pleut, mais on à toujours la petite chaussure propre et blanche. Ce qu’il y a de plus affligeant dans tout ceci c’est qu’il n’est plus possible de nous voir, vous partirez surment avant que je sois libre, mais quand je le serois présentement, j’avoue que les traité me font peur, oh mon ami! Si vous n’êtes pas éxate à m’écrire je croirai…Mais non je ne croirai rien car il est impossible que vous n’aimiez pas votre Blanchette, je pars demain pour paris je vois à présent que peut etre on a [eu ??] votre dinér chez B…et que l’on veut m’éloigner, mon voyage sera de huit jours, je serai trop bien gardé pour ésperer de nous voir, j’enverrai toujours mon petit… savoir de vos nouvelles et quand vous partes. L’année passée à peu pres dans le même tems je fis le même voyage, j’etois accompagnée d’un petit personnage qui n’aimoit pas les ôdeurs [??] ce qui me rendoit bien malade.   Bé.…doit me venir voir cet apres diné, il me méttra j’espere un peu au fait de votre marche [??] il me dira si je peux vous envoyer ce barbouillage.

Vous devez avoir recu ma lettre datée du 6. Je n’étois pas de trop bonne humeur en l’ecrivant où plutot j’etois bien triste, voila aussi ce que c’est que d’aimer une petite éxélence. Il n’y a dans le monde que le roi de prusse qui joue de ces tours, vraiment il n’aime pas les femmes! Il [fait] manquer leur rendez vous.

Hors ça mon aimable ami parl[ez] de vos affaires, je vous suplie [triple underline] d’être éxate à m’écrire de tout la bas, vous savez comme je suis craintive et inquiéte trop de retard à m’ecrire me rendra la plus malheureuse des femmes je vous verrois au moins mort, mon cher f. ne me donnés plus de chagrins, celui ci seroit affreux parlés de moi avec votre papa je suis fachée que vous n’ayez pas eu plus de conffiance en lui bon dieu! Si sut été moi! Il sauroit tout, si nous avions des conffésseurs de ce genre je ser[ois] tout les jours à confesser, oh je suis bien fachée de ce qu’il ne prend pas tous les sentiments de ma lettre pour lui tout seul, ne diroit on pas qu’on ne respire que pour Monsieur son petit fils?

J’attends mon bon ami une longue lettre de vous avant notre départ, c’est à dire aussi longue que vous le pourrez dans l’embarras où vous êtes, bon dieu! Que je voudrois vous voir méttre dans un triste coffres, des petits corsets, des jupes, quand elles seroient de laines, et puis les petit sabots donc! Oh mon ami! mon ami! que je me croirois heureuse! Loin, loin, cette douce pensé, je vous jure mon cher que si le bonheur de C. ne dépendoit pas de moi je serois déja avec vous, mais je lui dois baucoup l’ingratitude est affreuse. Je ne sai quel auteur dit qu’il est des occasions où il faut savoir mourrire, je n’en suis pourtant pas la, je crois que de savoir n’être pas heureuse a bien aussi un peu de mérite. Mais je bavarde et ne pense pas que vous avez baucoup d’affaires, je ne veux pas prendre trop de votre tems si vous aller grogner apres la longueur de mes lettres. Adieu, adieu, mon cher f. Notre, il est joli ce mot notre! notre petit arbuste se porte parfaitement il devient veritablement tres fort. Il faut avouer que vous entendons fort bien le jardinage. Adieu. J’espere encore vous écrire avant votre départ, vous pouvez toujours envoyer votre lettre à l’adresse ordinaire à moins que ne partant pas de huit jours vous n’aimiez mieux les donner à M.…

Adieu, adieu, je vous aime autant que vous le désirez, et surment vous desirez baucoup? Ecrivez et consolez moi de ne vous avoir pas pressé sur mon coeur.

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